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Paris vaut bien une Messe de Sainte-Cécile

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Brève
12 octobre 2013
Paris vaut bien une Messe de Sainte-Cécile

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Alors que, jeudi soir, 10 octobre, la première houleuse d’Aida transmuait l’Opéra Bastille en chaudron d’enfer, cinq stations de métro plus à l’ouest, à Saint-Eustache, Alain Altinoglu accostait au paradis. Pourtant, le diable pointe aussi ses cornes dans la Messe de Sainte Cécile composée par Charles Gounod entre 1849 et 1855. Son lyrisme généreux laisse plus d’une fois deviner Faust et le profil vocal des trois solistes requis n’est pas sans évoquer les trois protagonistes de cet opéra. D’ailleurs, Paul Gay, qui tient la partie de baryton-basse, est un des meilleurs titulaires du rôle de Méphistophélès aujourd’hui. Voix satinée, homogène et apparemment naturelle – ce qui n’est si évident pour un ténor – Steve Davislim est connu des amateurs de musique française. Il a enregistré Pâris dans la seule version intégrale à ce jour d’Hélène de Camille Saint-Saëns et on a pu apprécier la justesse de son interprétation dans les trop rares mélodies de Louis Vierne (toujours chez Melba). Affaire d’expression et d’expérience, la jeune soprano Eri Nakamura n’empoigne pas autant que ses deux partenaires mais complète le trio sans démériter. Selon la place occupée dans l’église, le Chœur de Radio France est plus ou moins mis en valeur. La réverbération de l’acoustique tend à en gommer les contours sans nuire à la précision des attaques, ni à la cohésion des pupitres quand, au contraire, le chant des solistes se dessine avec une netteté saisissante. Déjà éloquent en première partie de programme (Suite dans le style ancien op. 40 de Grieg), l’Orchestre national de France se présente sous son meilleur jour chez Gounod, lors de l’Offertoire instrumental notamment. Le Kyrie, pris à un tempo plus lent que la normale, rend délicate la mise en mouvement mais impulse à l’ensemble un élan majestueux. Partant de là, Alain Altinoglu conduit l’office d’un seul trait, solennel et fervent, jusqu’à sa conclusion en forme de triple prière que, face au succès remporté, le maestro se fait un plaisir de bisser.  [Christophe Rizoud]

Charles Gounod, La Messe de Sainte-Cécile. Eri Nakalura (soprano), Steve Davislim (ténor), Paul Gay (baryton). Orchestre national de France, Chœur de Radio France Direction : Alain Altinoglu. Jeudi 10 octobre, Eglise Saint-Eustache.

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