Les éditions se suivent mais ne se ressemblent pas. Ni les candidats, ni les jurys. Ainsi, à la surprise générale, celui du 57e Concours international de jeunes chefs d’orchestre de Besançon a-t-il décidé, unanimement, au terme de longues délibérations, de ne pas décerner de grand prix.
Après une semaine de travail intense et quatre journées d’épreuves ce sont trois « mentions spéciales » à Jong-Jie Yin, Deun Lee et Chloé Dufresne, qui ont été décernées par le jury. Jamais il n’est question d’insuffisance certes, mais comment expliquer cette décision, car à l’écoute attentive des épreuves de demi-finale et de finale, on est en mesure d’affirmer que la qualité n’est pas moindre que celle du dernier concours, dont la lauréate nous avait paru personnellement en deçà des exigences ?
Paul Daniel, le président du jury, manifestement embarrassé dans ses explications, a souligné les qualités de chacun des candidats : « La très bonne maitrise de Jong-Jie Yin, benjamin de la Finale, en regard de son jeune âge (21 ans). L’enthousiame et la communication avec les artistes – particulièrement lors des épreuves avec chanteurs – de Deun Lee, en complément de sa régularité tout au long de la compétition. L’originalité et la fraicheur des intentions de direction de Chloé Dufresne, et spécialement sa très bonne compréhension de l’œuvre en création de Camille Pépin ».
Certes, ni Deun Lee, ni Chloé Dufresne, dont la carrière est déjà bien engagée, n’ont besoin d’un prix pour leur permettre de gagner en formation et en notoriété. Est-ce suffisant pour justifier pareille sévérité, à laquelle on cherche vainement une justification musicale et technique ? La création de Aux confins de l’orage de Camille Pépin, puis la 5e symphonie de Sibelius, écoutées trois fois dans leur un intégralité par un public conquis nous ont réservé plus que de beaux moments.