Oui, « Pav is Fab » (Pavarotti est fabuleux), comme l’indique une banderole brandie par ses fans lors de l’un de ses concerts en plein air. Luciano Pavarotti, disparu voici bientôt sept ans (voir l’hommage de Camille de Rijck), fait l’objet de soins attentifs de la part de Decca qui multiplie les (re)parutions.
Le DVD « Pavarotti: A Voice for the Ages » réalisé à l’occasion des 50 ans du lancement de sa carrière comprend deux parties : tout d’abord un documentaire assez indigent, produit pour la série Great Performances de la télévision américaine, donne la part belle à la musique pop avec Sting, Bono et Eric Clapton, rappelle l’épisode calamiteux – mais populaire – des « Trois ténors », et surtout montre la passerelle que le chanteur avait réussi à lancer entre le public de l’opéra et celui des grands concerts populaires de plein air.
À cheval entre reportages et musiques, ce film patchwork et peu structuré peine à trouver son genre et son rythme. Quelques airs intégraux alternent avec de courts extraits musicaux et même un spot publicitaire où Luciano vente les mérites d’une carte de crédit (il n’y a pas de petits profits). Quelques fragments d’interviews sont mieux venus, où le chanteur explique notamment que le mouchoir blanc-doudou, devenu son signe de reconnaissance, l’aidait psychologiquement lorsqu’il était seul sur scène. Il parle aussi avec naturel de son jeu scénique médiocre : « Mes mouvements en scène n’ont jamais été ceux d’un grand acteur, mais mon visage exprimait tout : c’est pourquoi le développement de la télévision m’a été très bénéfique ». On n’y apprend rien d’autre de bien nouveau, mais dans tous les cas il émane du personnage une grande sincérité ; la philanthropie de l’homme de cœur transparaît, ainsi que la perpétuelle inquiétude qui l’habitait comme tout grand artiste.
En seconde partie figure l’intégrale du récital qu’il avait donné au Licéo le 8 juin 1989, accompagné au piano par Leone Magiera. Ce concert alterne des moments ineffables avec d’autres où les difficultés techniques et la fatigue sont perceptibles. L’alternance d’airs d’opéra (sept) avec des mélodies et des chansons napolitaines (seize) donne un large éventail de ses goûts musicaux et de son répertoire de prédilection, dans lequel il excelle : Rossini, Bellini, Donizetti, Verdi, Puccini, Flotow et Massenet.
Néanmoins, quelqu’un qui ne l’aurait jamais entendu sur scène n’aura peut-être pas là le meilleur aperçu de l’étendue de son art ni de son talent.
DVD zone 0 Decca 074 3867, durée documentaire 59′, concert 89′, sous-titres anglais, français, allemand, brochure de 6 pages avec la liste des airs.