Sur scène comme au disque, nous avons beaucoup aimé Olga Peretyatko. Son retour à Paris vendredi dernier, après Giulietta des Capuleti (voir recension), était placé sous le signe de la folie, dans le cadre du cycle concocté par la Cité de la Musique. La belle Olga a enflammé une salle dont a apprécié la qualité d’écoute. Le programme était bâti autour de trois airs suivis de leur cabalette et il fallait oser attaquer la soirée par la scène de la folie de Lucia. Pari réussi. De bout en bout, la jeune soprano russe se montre captivante. Le timbre est somptueux, riche en harmoniques sur toute la longueur ; l’émission franche et naturelle. La maîtrise technique coupe le souffle, avec des attaques piano et des trilles comme on n’en avait plus entendus depuis longtemps. En outre, le chant est conduit avec goût et l’ornementation relève de la meilleure école belcantiste. Seuls quelques rares suraigus ont paru insuffisamment projetés. La suite n’a péché que par sa brièveté, toute relative du reste, puisqu’après un « Qui la voce… Vien diletto » des Puritani, le concert s’est conclu par la scène finale de La Somnambule. Que demander de plus ? Quelques bis peut-être, réclamés à corps et à cri par le public qui n’aura droit qu’à une reprise de « Ah! Non giunge »… et un orchestre plus précis. Pour tout dire, on aurait bien troqué l’ouverture de La Forza del destino et, surtout, la Symphonie n°4 de Schumann, interprétées par une Chambre Philharmonique dirigée par Emmanuel Krivine, en petite forme, contre quelques airs supplémentaires (Ophélie, annoncée sur le site internet de l’artiste nous a beaucoup manqué !). Amsterdam accueillera Olga Peretyatko pour une belle série de Fiorilla (Turco in Italia), avant des Lucia à Berlin. Et Paris, c’est pour quand ? Jean-Philippe Thiellay