Il était blond, il était beau. Il a reçu beaucoup de bravos. Peter Hofmann, le ténor wagnérien le plus photogénique de sa génération a rejoint le Walhalla le 30 novembre dernier. Emporté par une pneumonie consécutive à la maladie de Parkinson contre laquelle il se battait depuis de nombreuses années, il n’avait que 66 ans.
Peter Hofmann, c’était d’abord un itinéraire peu commun. Né en 1944, il est rocker dans ses jeunes années. Il commence à étudier le chant durant son service militaire et fait ses débuts en Tamino en 1972 à Lübeck. A peine quatre ans plus tard, le chanteur allemand est un juvénile Siegmund dans la légendaire production de Patrice Chéreau à Bayreuth. De mémoire de wagnérien, on n’a jamais vu un tel « sex appeal » sur la Colline. Rapidement, sa carrière prend une ampleur internationale : Lohengrin au Metropolitan dès 1980, Paris dans ce même rôle en 1982, Vienne, Londres, Chicago ou encore San Francisco. Il chante et enregistre les plus grands rôles (Tristan, Parsifal ou Walther von Stolzing) et avec les plus grands chefs (Levine, Bernstein, Karajan). Une carrière assez phénoménale au regard des qualités purement vocales du chanteur : car, en toute honnêteté, Hofmann ne chante ni très bien, ni très juste, son timbre n’a rien d’exceptionnel et son volume vocale est loin d’être celui d’un vrai heldentenor. Mais pour un grand nombre de spectateurs1, ces imperfections ne sont que broutilles au regard de la présence scénique de l’artiste, véritable incarnation du héros mythique wagnérien. Sans avoir jamais délaissé le rock, Hofmann abandonne l’opéra après une carrière lyrique de moins de 20 ans. De 1990 à 1991, il triomphe 300 fois dans le rôle titre du Fantôme de l’Opera d’Andrew Lloyd Webber à Hambourg, entreprend une tournée de concerts avec des succès d’Elvis Presley et anime des émissions de télé. Atteint d’un Parkinson, Hofmann abandonne définitivement la scène en 1999 et met sa notoriété au service de la lutte contre cette maladie. Il laisse au disque ou, plus remarquablement, au DVD, des témoignages de la quasi-totalité de ses rôles lyriques. Après l’éphémère passage de ce météore lyrique, on ne pourra plus regarder les ténors wagnériens du même œil. [PC]
1 Le public wagnérien peut être étrangement indifférent aux insuffisances stylistiques : écoutez les 12 CD (!) de la compilation 100 Jahre Bayreuth Auf Schallplatte éditée par Gebhardt, et vous verrez combien Cosima Wagner elle-même était peu regardante sur la qualité du chant.