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Dans les maisons d’opéra européennes, on ne compte plus les Rigoletto transposés dans le monde de la mafia ou dans d’autres milieux plus interlopes encore. Mais à New York, le Met fait figure de dangereux agitateur en proposant une vision du chef-d’œuvre de Verdi qui en situe l’intrigue à Las Vegas dans les années 1960, le duc de Mantoue (Piotr Beczala) devenant une sorte de Frank Sinatra à la tête de son Rat-Pack. La première, hier soir, a permis aux abonnés outragés de voir le troisième acte replacé dans une boîte à strip-tease, et Diana Damrau en Gilda traînée dans le coffre d’une Cadillac par Rigoletto – Željko Lucic. La mise en scène de Michael Mayer ferait à peine sourciller les habitués de l’eurotrash, mais elle succède au Met à la production d’Otto Schenk, à qui l’on devait aussi le bon vieux Ring qu’a remplacé le spectacle de Robert Lepage. Que les New-yorkais se rassurent, ils auraient peut-être été bien plus horrifiés si, comme prévu initialement, le Rigoletto nouveau avait été confié à Luc Bondy. En tout cas, les mélomanes de la planète pourront prochainement en juger, puisque le spectacle sera diffusé dans les cinémas du monde entier le 16 février. [Laurent Bury]