Il faut avoir passé six mois sur une île reculée de l’océan pacifique pour ignorer que les organisateurs de festivals traversent une rude période. Pascal Bertin, directeur artistique du Festival Baroque de Pontoise adresse à la presse une émouvant épître, qui rappelle l’absolue fragilité du secteur de la musique vivante :
Chaque jour apporte son lot de nouvelles contraintes ou de nouvelles interdictions. Mais nous gardons notre cap malgré l’adversité, nous n’annulerons pas par crainte de devoir annuler, nous ne le ferons que si l’on nous y oblige. En attendant, nous suivons à la lettre toutes les règles sanitaires, il est hors de question de risquer la santé d’un artiste, d’un employé d’un bénévole ou d’un spectateur. Cette volonté un peu folle de continuer coute que coute a un prix. Le festival a payé à l’euro près toutes les manifestations annulées au printemps qui n’ont pu être reportées sur la même année civile. Néanmoins nous avons du faire des économies sur certains postes pour rester à flot, le service de presse en est un parmi d’autres. (…) Nos finances actuelles ne nous permettent pas non plus d’acheter de la publicité parfois considérée comme un passeport pour le rédactionnel, c’est donc uniquement à votre curiosité et votre conscience de journaliste, votre potentiel de prescription et finalement à votre passion pour la musique que je m’adresse. Notre secteur est une chaine qui ne tiendra que si chaque maillon résiste. Les mécènes, les institutionnels privilégient actuellement l’aide directe aux artistes. On peut le comprendre car là est l’urgence, mais si les diffuseurs comme les festivals ne sont pas soutenus, où donc pourront jouer les artistes bénéficiaires de ces aides ? Et en bout de chaine, s’il ne reste d’activité musicale que dans de très grandes maisons qui auront été sauvées par la puissance publique, de quels artistes, de quels projets parlerez-vous en dehors de ceux qui y sont régulièrement programmés et qu’on retrouve déjà partout ? En tant que média, le soutien que vous pouvez apporter n’est pas financier, il est au coeur de votre métier: annoncer, témoigner, critiquer, faire vivre. Le public est frileux, vous pouvez nous aider à lui rappeler que l’événement a bien lieu et en toute sécurité. Depuis Mars, nous sommes entrés en résistance et nous avons besoin de vous.
Festival Baroque Pointoise
Du 25/09 au 17/10/2020