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« Aussi, messieurs, je me méfie, Et si quelqu’un me fait la cour, Je ne veux croire qu’à l’amour Qu’on a pour la Marsovie », chante Nadia dans La Veuve joyeuse, version Caillavet – De Flers. C’est justement la Marsovie, « le Monaco des Carpates », qu’a pour cadre Arden, paru cet automne. Pour son premier roman, Frédéric Verger a manqué de peu le Prix Goncourt. L’intrigue réunit deux personnages qu’unit une passion pour l’opérette. Alex et Salomon en ont concocté quelques dizaines : La Princesse aux trois manies, La Fausse Noyée, Loth s’amuse et bien d’autres tout aussi inachevées faute de pouvoir s’entendre sur le dénouement. En 1944, dans une Europe centrale envahie par les nazis, la composition d’une ultime œuvre leur sauvera-t-elle la vie ? Vous le saurez en lisant cette fiction où il est souvent question de musique, on s’en doute. « Entre deux cimetières, ils se rendirent à l’Opéra pour assister à une représentation de Turandot. Mais une alerte aérienne interrompit la représentation au milieu du deuxième acte… Mon oncle qui en aimait tant les psaumes, voilà qu’il ne les aimait plus lors de ces enterrements : tout devenait fade, écoeurant, un peu comme lorsque Mimi Pfazengheim et Richard Krozalek attaquaient le troisième acte de Tristan », Mimi Pfazengheim et Richard Krozalek étant, comme chacun sait, le couple-vedette de la vie lyrique marsovienne des années 1940. [Laurent Bury]
Arden, Frédéric Verger, Gallimard, 21,50 euros, ISBN 978-2-07-013973-6