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Nouvelle prise de rôle de baryton pour Placido Domingo avec un Nabucco qui fera date. Succédant à son confrère Leo Nucci pour cette série de représentations londoniennes (voir notre brève), le chanteur espagnol trouve ici un de ses emplois de (faux) baryton les plus convaincants depuis son étonnant Boccanegra. Les puristes ne se priveront pas de dire que celui-ci n’est pas et ne sera jamais un baryton Verdi (au contraire de Leo Nucci) et que ses couleurs ou son ambitus sont typiques d’un ténor : rien n’est plus vrai (et Philippe Jaroussky n’est pas davantage un castrat). Reste que Placido, beaucoup plus à l’aise scéniquement que Nucci dans cette indigente production, nous offre une composition dramatique d’une grande force, digne de ses Otello passés, beaucoup plus intéressante que l’inconsistant Foscari, et sans les insuffisances vocales de son Rigoletto ou de son Germont new-yorkais : seule réserve d’importance, une cabalette qui manque clairement d’agilité. Le reste de la distribution est inchangé, toujours d’un très haut niveau et dominé par la phénoménale Liudmyla Monastyrska et la direction fiévreuse de Nicola Luisotti. Une deuxième vision de la production de Daniele Abbado ne fait qu’en souligner les faiblesses : une version concert, mais avec des gens mal habillés, d’où émergent quelques fulgurances comme le très beau « Va pensiero ». [Jean-Michel Pennetier]