Dans une tribune publiée dans le quotidien suisse Le Temps, Emiliano Gonzalez Toro dit tout haut ce que beaucoup de monde pense plus ou moins tout bas depuis un certain temps. A commencer par la responsabilité du Regietheater sur la désaffection du public et des accusations d’élitisme dont souffre l’opéra. « Depuis plus de quinze ans, le Regietheater uniformise les scènes du monde entier », écrit le chef et ténor. « Il s’adresse à un public de connaisseurs, élitiste et blasé. […] Le spectateur qui vient pour la première fois écouter un opéra se sentira fatalement perdu devant la transposition de Carmen ou de La Bohème en décalage total avec le scénario, dans une mise en scène qui cherche à choquer plus qu’à plaire ».
Surtout, Emiliano Gonzalez Toro attire l’attention sur les artistes, pierre angulaire du spectacle et premières victimes de ce type de théâtre, contraints malgré eux de « subir des situation parfois humiliantes » qui « les mettent en danger vocalement tout en desservant in fine et l’œuvre et l’interprète ».
A la suite de l’affaire Gardiner et dans le contexte de sélection d’un nouveau directeur pour le Grand Théâtre de Genève, ce coup de semonce se veut un appel au « respect et à la bienveillance », pour que les dirigeants des institutions lyriques « prennent en compte le ressenti des artistes, des techniciens et de tous ceux qui garantissent la réussite d’une production ». A bon entendeur…