Si l’on prend ces deux qualificatifs au sens qu’ils avaient il y a quelques siècles et dans d’autres langues, la musique est incontestablement « affectueuse » et « ravissante ». En 1602, le compositeur Giulio Caccini fixait comme but à son art de « dilettare e muovere l’affetto dell’animo », autrement dit, d’être « affettuosa ». Et cinquante ans auparavant, quand Pontus de Tyard rédigeait le premier ouvrage en français exclusivement dédié à la musique, il qualifiait de « ravissante symphonie » cet art qui nous transporte, qui nous procure un plaisir proche de la pamoison. Voilà, parmi bien d’autres choses, ce que nous apprend la lecture du livre La Valeur de l’émotion musicale, publié par les Presses Universitaires de Rennes. Ce recueil d’articles propose d’abord diverses approches conceptuelles et culturelles de la question, avant de se pencher plus spécialement sur différents types de musique, avec notamment un chapitre sur « La valeur de l’émotion à l’opéra ». L’art lyrique représente les émotions de ses personnages et suscite celles de ses auditeurs, par le biais d’une mise en scène des voix, vecteur suprême des sentiments. Alors qui pourrait être plus ravissant et affectueux que l’opéra ?
La Valeur de l’émotion musicale, sous la direction de Pierre-Henry Frangne, Hervé Lacombe, Marianne Massin et Timothée Picard, PUR 2017, 22 euros, ISBN 978-2-7535-5343-9