–
Nous avons récemment évoqué les lignes étranges que Yann Moix consacre à Régine Crespin dans son livre Naissance, couronné par le Prix Renaudot (voir brèves des 12 et 22 novembre). Apparemment, le romancier n’avait pas été le premier à s’attaquer à la grande soprano française. En juillet 2009, soit deux ans après la mort de la Crespin, le Manchester International Festival créait l’opéra Prima Donna, composé par le chanteur canado-américain Rufus Wainwright (adoubé par Elton John comme « le plus grand créateur de chansons de la planète »), sur un livret écrit en français par Bernadette Colomine. Il s’agissait initialement d’une commande du Met de New York, mais l’auguste institution s’était retirée de l’opération lorsque le compositeur avait insisté pour utiliser un livret en français. L’intrigue de Prima Donna se déroule le 14 juillet 1970, alors qu’une célèbre cantatrice nommé Régine Saint-Laurent (!) s’apprête à faire son grand retour sur les scènes. Evidemment, toute ressemblance avec une certaine Régine Crespin qui interrompit sa carrière au début des années 1970 pour revenir en tant que mezzo serait purement délibérée. Fort du succès de Prima Donna, Wainwright prépare maintenant un opéra sur l’empereur romain Hadrien inspiré par le livre de Marguerite Yourcenar Mémoires d’Hadrien, opéra dans lequel seront évoquées les amours de l’empereur avec le bel Antinoüs, idylle brisée par la mort tragique de ce dernier, noyé dans le Nil. [Laurent Bury]