C’est en chantant Parsifal (doublé à l’écran par deux comédiens) dans le film réalisé en 1982 par Hans-Jürgen Syberberg que Reiner Goldberg s’est fait connaître. Né à Crostau, en Lusace, le 17 octobre 1939, le ténor avait fait ses débuts en 1966 au Landesbühnen Sachsen avant de rejoindre la troupe du Staatsoper de Dresde en 1973. A Berlin en 1972, il participe à la création de Reiter der Nacht d’Ernst Meyer et en 1976, chante Huon dans Oberon pour les 150 ans de la mort de Weber.
1982 marque donc un tournant dans sa carrière. Il chante Walther à Covent Garden, Erik et Florestan à Salzbourg. Il est ensuite invité sur les plus grandes scènes internationales : la Scala en 1984 (Tannhäuser) ; le Liceu en 1985 (Siegfried) ; Bayreuth en 1986 (Tannhäuser puis Walther l’année suivante, et enfin Siegfried dans les deux dernières journées du Ring en 1989 dirigées par Daniel Barenboim) ; le Met en 1992 (Florestan), etc.
Outre Wagner, son répertoire incluait les grands rôles de ténor dramatique, de Florestan dans Fidelio de Beethoven jusqu’à Aron dans Moses und Aron en passant par Hermann dans La Dame de pique, Stewa dans Jenufa, le Tambour-major dans Wozzeck ou encore Bacchus dans Ariadne auf Naxos.
Florestan et Apollo dans Daphne dirigés par Bernard Haitink, Siegdried sous la conduite de James Levine… : ses enregistrements témoignent de la précision de l’émission, de l’aisance dans le registre supérieur, d’un sens du phrasé et au-delà de la lumière – une musicalité perceptible à la manière dont la voix épouse naturellement la ligne de chant.
En 2015, il fait partie des grands chanteurs wagnériens du passé invités à Berlin par Daniel Barenboim pour interpréter les différents maîtres de Die Meistersinger von Nürnberg et, en 2020 à Graz, il chante encore le premier prisonnier dans Fidelio, à rien moins que 80 ans.
Reiner Goldberg s’est éteint ce 7 octobre à l’âge de 83 ans.