Au terme de trois ans de travaux, le Státní Opera de Prague (ancien Opéra allemand, fondé en 1888) a rouvert ses portes le 5 janvier avec un concert de gala visible sur www.arte.tv, où étaient réunis quelques grands artistes tchèques comme Pavel Černoch ou Eva Urbanová. C’est le début d’une série de concerts et d’opéras, programmée sur quatre ans, fédérant les moyens de quatre scènes pragoises (Státní Opera, Národni Divadlo, Nova Scéna, et le théâtre d’Etat où eut lieu la création de Don Giovanni). Conduit avec le soutien du gouvernement tchèque et le Ministère des affaires étrangères allemand, le festival « Musica non grata » permettra d’offrir des œuvres de compositeurs intimement liés à la culture germano-tchèque et juive (Zemlinsky, Krenek, Schreker, Krasa, Korngold, Schulhoff, Pavel Hass et Ullmann). Ce sera l’occasion de réaffirmer l’ancrage profond de ces musiques, vilipendées par le IIIe Reich (Entartete Musik, « musique dégénérée »). Simultanément, seront valorisées les œuvres de compositrices des années 20 et 30 (Vitezslava Kapralova, Julie Reisserova, Geraldine Mucha…) et de les sortir de l’ombre de leurs collègues masculins.
Cet ambitieux projet sera lancé le 17 mai par un grand concert, suivi, le lendemain, d’une nouvelle production du rare Svanda Dudak, de Jaromir Weinberger, dont la diffusion n’a jamais débordé les frontières du monde slave et germanique. Tous les opéras et concerts seront disponibles en téléchargement, et seront diffusés en DVD et CD.