Dietrich Fischer-Dieskau et Jon Vickers l’ont interprété, mais ce n’est pas un opéra. Glenn Gould fut le premier à l’enregistrer, mais ce n’est pas un recueil de mélodies. Enoch Arden, l’opus 38 de Richard Strauss, est un mélodrame pour narrateur et piano composé en 1897 sur un poème écrit par Tennyson en 1864. Parallèlement à l’exposition « Beauté, morale et volupté dans l’Angleterre d’Oscar Wilde », le Musée d’Orsay accueillait jeudi 10 novembre un concert donné par le pianiste Guy Vandromme, avec en récitant le Britannique Gabriel Woolf, un habitué du genre, le tout accompagné d’images de film muets choisies par Eric de Kuyper. Entre Guntram (1894) et Feuersnot (1901), les morceaux conçus par Strauss incluent des leitmotiv correspondant à chacun des trois personnages (Enoch Arden, le marin naufragé qui, revenu au pays après dix ans d’absence, découvre son épouse Annie remariée à leur ami d’enfance Philip) mais aussi à la mer, protagoniste central de l’œuvre. Même privée des effets orchestraux chers au compositeur, cette musique présente des harmonies typiquement straussiennes. Hélas, le piano se tait souvent, et les projections proposées n’apportent en réalité pas grand-chose, puisqu’au lieu de prendre le relai de la musique, elles s’interrompent en même temps, laissant à nu la voix du récitant. Espérons qu’Eric de Kuyper sera plus inspiré dans ses prochaines collaborations avec le Musée d’Orsay. [LB]
Richard Strauss : Enoch Arden, op. 38, mélodrame pour récitant et piano d’après le poème d’Alfred Tennyson. Gabriel Woolf, récitant ; Guy Vandromme, piano ; Eric de Kuyper, conception visuelle. Jeudi 10 novembre 2011 – 20h, Musée d’Orsay, Paris.