C’est une petite révolution qui est apparemment en train de se dérouler au Komische Oper de Berlin. Dans cette salle, jadis connue pour son irréductible attachement à la langue de Goethe, au même titre que l’English National Opera pour son goût immodéré pour la langue de Shakespeare, on pouvait naguère entendre toutes les œuvres de tous les répertoires interprétées en allemand. Mais voici que nos certitudes les mieux ancrées vacillent puisque, coup sur coup, deux œuvres viennent d’y être données in französischer Sprache ! Que l’on ait jugé préférable de chanter Castor et Pollux en version originale, cela se comprend, étant donné l’importance de la prosodie dans la musique de Rameau, et la présence de Gaëlle Arquez en Phébé était une excellente raison supplémentaire. Mais quand même Cendrillon de Massenet est interprété dans la langue de Molière, alors que la distribution n’inclut pas un seul francophone (à la demi-exception près du Belge flamingant Werner van Mechelen), c’est vraiment qu’un vent de nouveauté souffle sur le Komische Oper. Merci donc au directeur de l’institution, l’Australien Barrie Kosky. A propos, quand ce prodigieux metteur en scène sera-t-il enfin sollicité en France ?