Las des divas hystériques, clownesses ou rockeuses ? Sandrine Piau est l’antidote qu’il vous faut, modèle de sobriété et surtout de justesse dont s’est délecté le public du festival de Gand le 24 septembre dernier. Lorsque la surenchère virtuose, voie sans issue, nous donne le tournis, sinon la nausée et quand l’excentricité, un moment rafraichissante, s’érige en système et devient horripilante, rien n’est plus salutaire qu’un retour aux fondamentaux : en l’occurrence, chez Rameau (« Tristes apprêts », « Règne avec moi, Bacchus ») comme chez Haendel (« Se pietà »), la beauté classique, pour ne pas dire indémodable, d’un chant délivré de tout apprêt inutile, mais d’une expressivité imparable et qui nous va droit au cœur (« Lascia ch’io pianga », dédié à la mémoire de Christopher Hogwood). Le temps ne semble pas avoir de prise sur le timbre apparemment immarcescible de Sandrine Piau ni, du reste, sur sa complicité avec William Christie, à la tête de l’Orchestra of the Age of Enlightenment dont l’imposante cathédrale Saint Bavon tend parfois à noyer les cordes, mais non l’ardeur (Ouverture de Castor et Pollux, Music for the royal Fireworks), et si nous avons connu le soprano plus brillant et aventureux dans la voltige (« Scoglio d’immota fronte », « Tornami a vagheggiar »), sa musicalité vivifiante et lumineuse est un bonheur de chaque instant.