Sévère baisse des subventions au Royaume-Uni et mort de l’English National Opera

Le Arts Council England, l’organisme gouvernemental dédié à la promotion des arts visuels, littéraires et du spectacle, et qui gère en particulier l’allocation des différentes subventions étatiques, a annoncé des coupes sombres qui affectent en particulier l’art lyrique. L’English National Opera voit ainsi sa subvention réduite à zéro (nada, rien, nothing) et devra quitter la salle du London Coliseum où la compagnie résidait depuis 1968. Glyndebourne voit également sa subvention diminuée de moitié, le Welsh National Opera d’un tiers et le Royal Opera House de 11,7 %. Le montant de la subvention de Glyndebourne correspond au coût des tournées régionales qui ont lieu dans la foulée du festival (mêmes productions, mais avec des artistes moins connus dont des débutants) : paradoxalement, la subvention n’affectera donc pas le festival mais la diffusion du lyrique auprès d’un public plus populaire. Le Royal Opera a déclaré que cette diminution de subvention représentait 19% de ses revenus, perte venant s’ajouter à des coupes précédentes qui représentaient déjà 10% de ses ressources. Ces coupes sévères ne sont pas fondées sur la seule recherche d’économies, une partie des sommes étant redéployée sur des activités culturelles décentralisées. Dans la foulée de sa victoire-surprise en 2019 dans des circonscriptions traditionnellement travaillistes, le  gouvernement conservateur a en effet mis en place une politique de « levelling up » visant à réduire la fracture grandissante entre le nord de l’Angleterre d’une part, et le sud et Londres d’autre part (et en plus, ça peut permettre de garder les circonscriptions nouvellement acquises). Cette politique impacte le déploiement des infrastructures, les aides au développement économique, la décentralisation, etc. et également les activités culturelles. L’English National Opera se voit ainsi offrir 17 millions de livres sur 3 ans pour s’installer en région, a priori à Manchester, et devra développer un nouveau modèle économique :  mcela fera peut-être le bonheur des mancuniens mais pas nécessairement celui des londoniens, et en particulier des collaborateurs actuels de l’ENO.