Consacrer une exposition à Siegfried Wagner est sans doute une bonne idée. On connaît mal ce fils d’un père trop illustre, qui aurait aimé devenir architecte mais que des pressions familiales semblent avoir obligé à se consacrer à la musique. Auteur d’une vingtaine d’opéras féeriques, il devint officiellement directeur du festival de Bayreuth dès 1908, mais resta en réalité sous la coupe de sa mère jusqu’à la mort de Cosima en 1930, année durant laquelle il mourut également, pendant les répétitions de Tannhäuser dirigé par Toscanini. Pourtant, l’exposition visible jusqu’au 16 juin porte moins sur sa musique que sur sa vie privée, puisqu’elle est présentée au Schwules Museum de Berlin. Après Oscar Wilde, Michel Foucault ou Thomas Mann, le « musée gay » ouvert en 1985 dans la capitale germanique se penche sur une autre personnalité homosexuelle, non sans audace puisque la question reste encore difficile à aborder sur la Colline sacrée. Siegfried Wagner semble avoir d’abord mené une vie assez libre, jusqu’au mariage auquel il fut contraint en 1914 afin d’éviter tout scandale. Et c’est précisément Winifred, son épouse, qui fit tout pour occulter son œuvre en même temps qu’elle ouvrait les portes du festival à la peste brune.
« Siegfried Wagner: Bayreuths Erbe aus andersfarbiger Kiste », Schwules Museum, Lützowstraße 73, Berlin