Alors que le très attendu Siroe de Hasse doit sortir chez DECCA le 3 novembre prochain, ACCENT nous invite à redécouvrir celui de Haendel (1728) capté en live au festival de Göttingen l’année dernière. Nous pouvons définitivement oublier la première intégrale mollement dirigée par Rudolph Palmer en 1989 (Newport) et disqualifiée tant par les approximation de l’orchestre que par la pâleur des solistes. Laurence Cummings et son plateau rivalisent d’ardeur et apportent à l’ouvrage cette urgence théâtrale, cette énergie indispensable qui faisait aussi défaut à la version d’Andreas Spering (2004, Harmonia Mundi), lequel, du reste, pratiquait des coupes claires. Sommes-nous pour autant conquis ? Loin s’en faut. Le style, la technique même des chanteurs (singulièrement du contre-ténor Yosemeh Adjei dans le rôle-titre) laissent souvent à désirer, leur imagination également, à l’exception de Lisandro Abadie qui parvient à épouser sinon la carrure, du moins les tourments de son personnage (Cosroe). Laurence Cummings bute sur le même écueil que ses prédécesseurs : distribuer un ouvrage conçu pour la crème du belcanto (Senesino, Faustina, Cuzzoni, Boschi), seule capable de transcender les platitudes de la partition comme de rendre justice à ses rares éclats de génie (« Mi lagnerò tacendo », « Gelido in ogni vena » et la scène de prison « Son stanco… Deggio morire »). Des trois opéras que Haendel a tirés d’un livret du jeune Métastase (Poro et Ezio suivront en 1731 et 1732), Siroe est sans nul doute le plus faible et consacre, selon Winton Dean, le fossé qui sépare les tempéraments des deux hommes et leurs esthétiques.
Haendel, Siroe. Yosemeh Adjei (Siroe), Anna Dennis (Emira), Aleksandra Zamojska (Laodice), Antonio Giovannini (Medarse), Lisandro Abadie (Cosroe), Ross Ramgobin (Arasse). FestpielOrchester Göttingen, dir. Laurence Cummings. Enregistré le 10 mai 2013. ACCENT 26401 (3 CD).