La ville de Strasbourg a dévoilé son projet de réhabilitation de l’Opéra national du Rhin d’un montant de 120 millions d’euros après des décennies de concertation. Il était temps. Le bâtiment néoclassique du XIXe siècle, dont la dernière rénovation majeure remonte à plus de soixante ans, devrait faire l’objet d’une transformation en profondeur : modernisation des équipements scéniques, amélioration de l’accueil du public, surélévation de la cage de scène, agrandissement de la fosse…
Mais c’est surtout la « réinterprétation » annoncée de la salle à l’italienne qui fait débat. La jauge passerait de 1 144 à 940 places, au prix d’une transformation significative de l’architecture intérieure, perçue par certains élus comme une perte patrimoniale majeure.
Alors que le bâtiment accueille un taux de remplissage de 97 % et une proportion remarquable de jeunes spectateurs grâce la programmation ambitieuse de son directeur Alain Perroux et au travail de ses équipes, les critiques fusent sur le coût du projet, son calendrier flou (lancement des travaux en 2028) et le manque de concertation.
Comme le mentionne pourtant le communiqué de presse de l’Opéra que nous ne pouvons que saluer :
« Faire le choix d’une rénovation sur site et non d’une construction nouvelle permet de contenir les coûts du projet, de réduire l’impact environnemental, de donner un avenir au bâtiment historique et de conserver les activités de l’Opéra national du Rhin au cœur de la ville. Dans un contexte où les coûts de fonctionnement d’un opéra sont en augmentation constante, le bâtiment rénové permettra d’optimiser les recettes de l’OnR en facilitant les coproductions, en offrant des espaces nouveaux pour le mécénat, pour les offres de restauration et pour des locations par des organismes extérieurs. Le bâtiment rénové permettra aussi de faire des économies grâce à la rénovation thermique. »
L’ombre d’une querelle lyrique plane pourtant déjà sur les prochaines municipales. A Strasbourg, l’opéra est aussi affaire de politique.