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Tannhaüser à Clermont-Ferrand, entre le flacon et l’ivresse

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Brève
3 décembre 2013
Tannhaüser à Clermont-Ferrand, entre le flacon et l’ivresse

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L’absence de mise en scène était-elle prétexte à une tentative de mise en espace minimaliste dans cette version de concert du Tannhäuser samedi 30 novembre à l’Opéra de Clermont ? La timide allusion en était donnée par les va-et-vient des solistes sur des estrades de différentes hauteurs. Un avant-goût de spatialisation à défaut d’en avoir les couleurs et le relief, qui s’en tenait aux apparences faute de convaincre pleinement. En toile de fond, une centaine de choristes des ensembles Musica Mediante et Prélude, qu’un rideau révélait ou occultait en fonction des scènes, laissait tout autant le spectateur sur sa faim quant au sens profond des surgissements ou effacements.

Dans cette version pour piano à quatre mains signée Hans von Bülow et Etienne Guiraud et confiée aux pianistes Philippe Marty et Daniel Navia, le chef Amaury du Closel semblait seul dominer la situation juché sur un impressionnant tabouret lui-même perché sur une estrade. Mais peu importe le flacon de la symbolique pourvu que l’on ait l’ivresse du chant. Sauf que l’honnête Tannhäuser de Jean-Noël Briend accusait un sensible décalage avec Cécile Perrin, plus virile Walkyrie aux aigus guerriers qu’aimante et douloureuse Elisabeth. Quant à la Vénus de Muriel Ferraro un soupçon de sensualité dans le timbre lui aurait permis de donner des couleurs à un personnage qui réclame une indéniable consistance tragédienne. Si Marc Labonnette investit son Wolfram avec conviction, force est de reconnaître que du côté des « seconds couteaux » — du Walter de Marc Haffner au Henry de Norbert Xerri en passant par le Biterolf de Ronan Airault et le Reinmar de Jean Vendassi —, on peine à distinguer une voix capable de sortir du lot et convaincre sans réticence à défaut de nous faire oublier quelques manquements. A deux notables exceptions près : la première de Renaud Delaigue, basse de caractère, campant un Hermann aux accents souverains et à l’autorité indiscutable ; et la seconde de la trop brève mais miraculeuse apparition d’Angélique Pourreyron, Pâtre aux aigus radieux de fraîcheur et au timbre empreint de juste émotion. [Roland Duclos]

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