Après deux années de pandémie qui ont bouleversé le quotidien des lieux de spectacle et des artistes, les cadres du TCE, en avant-propos du programme de cette nouvelle saison, se veulent rassurants. Le théâtre a surmonté les obstacles imposés par les circonstances grâce au soutien de son principal actionnaire, la Caisse des Dépôts et Consignations, de l’Etat, et des efforts convergeants de son équipe, des producteurs et des artistes. « Une programmation artistique ne peut être que le reflet de la société dans laquelle nous vivons, et les interactions, souvent inconscientes, entre le processus créatif et le monde actuel sont évidentes » (Michel Franck, Directeur général). Aussi, après les soubresauts de la crise sanitaire en ces temps agités, le nouveau programme du TCE est celui des choix raisonnés mais aussi du renouveau.
Les opéras en version scénique seront au nombre de cinq, dont 3 nouvelles productions : une reprise jeune public de La Cenerentola, un nouvel Offenbach après le grand succès de La Vie parisienne, La Perichole avec le tandem Marc Minkowski / Laurent Pelly, et le troisième opéra de Poulenc, Les Mamelles de Tirésias, avec son livret brûlant d’actualité, couplé avec Le Rossignol de Stravinsky, mis en scène par Olivier Py,avec Sabine Devieilhe et sous la direction de François-Xavier Roth. En outre, seront également à l’affiche, La Bohème avec l’Orchestre National de France, mis en scène par Eric Ruf avec notamment Pene Pati et une reprise d’Orphée et Eurydice de Gluck dans une mise en scène de Robert Carsen et Thomas Hengelbrock avec Jakub Józef Orliński, qui marque la première apparition scénique du chanteur à Paris.
Par ailleurs, seront donnés 22 opéras en concert et oratorios, 13 soirées lyriques, 27 concerts symphoniques, 26 récitals instrumentaux et concerts de musique de chambre, 22 concerts du dimanche matin. Parmi les opéras en version concertante, il convient de mentionner quelques raretés : Ariodante et Toloméo d’Haendel, Grisélidis de Massenet, Fausto de Bertin. De plus, l’accent sera mis sur la musique baroque française. Thésée de Lully en est l’une des plus brillantes démonstrations, mêlant à parts égales chant, musique, danse, poésie et machineries de scène. Seront également entendus cette année au TCE La Médée de Charpentier, Castor et Pollux de Rameau et ses audaces harmoniques et rythmiques, Zoroastre et Iphigénie en Aulide Gluck, deux de ses oeuvres les plus lumineuses et bouleversantes de cette période. Parmi les grandes voix qui se produiront en récital : Joyce di Donato, Matthias Goerne, Julie Fuchs, Sandrine Piau, Renée Fleming, Lawrence Browlee, Marina Rebeka.
La nouvelle saison est marquée également par l’entrée en résidence au long cours de François-Xavier Roth et son ensemble Les Siècles, fondé en 2003. L’ambition du chef d’orchestre et de ses musiciens est d’aborder différents répertoires du 19e Siècle avec l’exigence de les jouer sur des instruments de l’époque, une aventure captivante lorsque l’on sait cette période riche en innovations notamment sur la facture des instruments et comment elle a permis une véritable révolution du son de l’orchestre. Dans ce cadre, seront proposés quatre programmes symphoniques, un opéra en version scénique (le « double bill » Stravinsky – Poulenc précité) et un en version de concert (Le Vaisseau Fantôme de Richard Wagner). Il convient également de relever les changements notables de programmation suite aux évènements de l’actualité: la venue du Ballet Stanislavski est annulée, et le chef Valery Gergiev sera remplacé à la tête de l’Orchestre Philarmonique de Rotterdam pour le concert du 16 avril 2023.
Scène de l’excellence à travers un programme diversifié et exigeant, le TCE montre que la culture est toujours debout après les bourrasques et tempêtes qui ont, ces derniers mois, affecté le monde des arts et de la création, même si l’avenir est encore incertain…