On peut avoir le plus grand respect pour le compositeur britannique Thomas Adès, une déclaration dans son dernier livre (voir notre brève) laisse pantois. Alors qu’il est interrogé sur Giuseppe Verdi, Adès ne mâche pas ses mots : « [Les opéras de Verdi sont faits] d’un matériau pauvre et extrêmement mal construit. Verdi avait un savoir-faire inné et brut. Cela implique que, bien souvent, la pauvreté du matériau est évidente dans ses oeuvres. Je déteste ça et ses oeuvres me semblent parfaitement négligeables car il n’y fait quasiment aucun usage de son cerveau. »*. Ces déclarations, si elles à comprendre au premier degré, sont sujettes à caution. D’abord par leur méconnaissance manifeste des rudiments de la neurologie : sans l’usage de son cerveau, sans neurones moteurs, Giuseppe Verdi n’aurait pas pu bouger ses doigts et poser la plume sur le papier. Accessoirement, Monsieur Adès notera que sans cerveau, le commun des mortels est privé de la plupart de ses facultés, à commencer par celle d’être en vie. Ensuite, chacun jugera si Monsieur Adès a lui-même oublié d’utiliser son cerveau en s’en prenant à son illustre collègue qui, là où il est, n’en demandait pas tant. (CDR)
* « [Verdi’s operas have] such poor material and it’s often badly put together… Verdi does have a raw native cunning … And that means that often the poverty of the material is exposed, and I hate it all, and it is inessential … Becauses he uses almost no brain. »