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Tiroler Festspiele Erl 2025-26 : Jonas Kaufmann dirige mais ne chante pas

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Brève
30 avril 2025

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Erl : le Théâtre de la Passion (à gauche) et le Théâtre du Festival (à droite) © Jean Michel Pennetier

Fondé en  1997, le Tiroler Festspiele Erl a vu sa direction confiée à Jonas Kaufmann en septembre 2024. Le festival articule sa programmation en quatre saisons et se tient depuis quelques années dans une salle dédiée, d’environ 730 places. Dès sa première partie hivernale, le festival a rencontré un beau succès public (94% de remplissage, en nette augmentation par rapport aux éditions précédentes) affichant notamment La Bohème et I Puritani (en concert, avec en alternance Lisette Oropesa et Marina Monzó, René Barbera et Levy Sekgapane, Mattia Olivieri) ainsi que quelques concerts. Après la trêve, le festival a débuté sa saison de printemps avec Parsifal (Jonas Kaufmann dans le rôle-titre, un bouleversant Michael Nagy en Amfortas, Georg Nigl en Klingsor (voix étonnamment claire qui a un peu de même a tenir la distance sans sons gutturaux), la magnifique Irene Roberts en Kundry (dont on saluera le courage à patauger dans une mare d’eau la moitié du temps) et le vétéran Brindley Sherratt, vainqueur à l’applaudimètre en Gurnemanz (claquements de pieds du public et de l’orchestre compris), dans une mise en scène de Philipp M. Krenn et sous la direction d’Asher Fisch (qui dirige la plupart des spectacles de la saison en tant que directeur musical). Le festival se poursuit avec la Passion selon Saint Matthieu, Picture a Day Like This, Le Château de Barbe-Bleue couplé avec La Voix Humaine (dans une mise en scène de Claus Guth), La Traviata (Rosa Feola), Rigoletto (Ludovic Tézier en alternance avec Luca Salsi), Il Trovatore (Piero Pretti, Pretty Yende, Mattia Olivieri, Elisabeth DeShong). Le festival affichera également de nombreux concerts et récitals.

Entre deux représentations de Parsifal, Jonas Kaufmann a annoncé les grandes lignes de la programmation de sa prochaine saison. La première nouvelle d’importance, c’est que le ténor allemand ne s’y produira pas dans un ouvrage lyrique : on imagine que le chanteur souhaite ainsi démontrer que la qualité du remplissage n’est pas dû à sa seule présence scénique mais à l’excellence de sa programmation. Celle-ci est en effet prometteuse. La saison automnale comportera essentiellement des concerts (dont l’un avec Julien Pregardien). La saison hivernale offrira l’Oratorio de Noël de Bach, Lucia di Lammermoor (Sara Blanch dans le rôle-titre, dans une production de Louisa Proske), La Sonnambula (en concert, avec Jessica Pratt, qui avait dû annuler sa participation aux précédents Puritani pour raisons familiales, et Francesco Demuro), un gala du nouvel-an (avec Marina Rebeka) ou encore la IXe symphonie de Beethoven. La saison de Pâques s’ouvrira avec Israël en Égypte, suivi entre autres d’une reprise de Parsifal (avec Jamez McCorkle dans le rôle-titre, remplaçant Kaufmann qui n’était pas en grande forme cette année, entouré de Ricarda Merbeth en Kundry, Michael Nagy en Amfortas et Audun Iversen en Klingsor) et de La Passion selon Saint Jean. En été, le festival rouvrira avec un concert (Berg (des fragments de Wozzeck avec le soprano Sinéad Campbell Wallace), Bruckner, Debussy) et on pourra apprécier Die Fliegende Holländer (Christopher Maltman dans le rôle-tire, Sinéad Campbell Wallace en Senta, et dans une production de Josef E. Köpplinger), We Are The Lucky Ones (première autrichienne de l’ouvrage de Philip Venables créé à Amsterdam), Suor Angelica couplée avec la Cléopâtre d’Hector Berlioz (production de Deborah Warner, avec Corinne Winters sous la direction d’Edward Gardner), Carmen (Aigul Akhmetshina, Michael Fabiano, Alexander Vinigradov, Pretty Yende) et des récitals de Lise Davidsen, Pretty Yende, Luca Salsi, Ludovic Tézier… et tout de même Jonas Kaufmann (accompagné par Helmut Deutsch) ! Retirée des scène lyriques, Waltraud Meier reviendra comme récitante pour une soirée intitulée Ménage à trois et dédiée à Johannes Brahms, Clara et Robert Schumann, aux côtés du baryton Samuel Hasselhorn et du pianiste Joseph Breinl.

On notera la connotation très religieuse de la programmation de Pâques. Rappelons qu’Erl est célèbre pour sa représentation de la Passion du Christ, qui s’y donne depuis plus de 400 ans, en principe tous les 6 ans depuis 1613. Cette Passion est donnée dans un théâtre dédié, voisin de celui du festival, d’une capacité d’environ 1500 spectateurs. Jonas Kaufmann envisage de donner Parsifal chaque année à Pâques, ce titre devenant ainsi une clé de voute du festival. Comme on le sait, le dernier acte de l’ultime chef d’œuvre wagnérien (au livret pas davantage conforme à la théologie chrétienne que celui de Tannhaüser, soit dit en passant) se tient en effet lors du Vendredi Saint. Comme on ne va pas au spectacle ce jour-là, du moins à Erl, Parsifal était donné cette année le jeudi précédent et le dimanche suivant, et il en sera de même en 2026. Nous conseillons toutefois d’attendre une nouvelle production : basée sur une scénographie moderne « jolie » couplée à une dramaturgie d’une grande platitude, celle de Philipp M. Krenn est un en même temps anodin qui n’est satisfaisant ni pour les amateurs de relectures drastiques, ni pour les tenants d’un retour à l’imagerie traditionnelle.

À ceux qui seraient tentés de découvrir le festival, précisons que le voyage est lui-même un chemin de croix, en particulier si l’on est pas motorisé. Train depuis Munich jusqu’à Oberaudorf (prévoir de partir la veille, vue la fiabilité des transports ferroviaires allemands) puis taxi (bon courage pour en trouver un au retour quand tout le monde sort en même temps), ou bus (une à deux heures de trajet car, pour trouver une correspondance, il faut passer par la bourgade autrichienne de Kufstein, dix kilomètres plus au sud), ou encore six kilomètres de marche à pied pour rejoindre Erl de l’autre côté de l’Inn (rivière bien connue des cruciverbiste) celle-ci suivant la frontière avec l’Autriche. Les spectacles finissent assez tôt (21h15 pour Parsifal) mais il est difficile de ne pas stresser si l’on veut attraper le train de retour de 22h. Il faut donc avoir la foi. Par ailleurs, le camping sauvage est une bonne solution pour dormir sur place. Munissez-vous également de numéraire : à l’entracte, on n’accepte pas les cartes bancaires, et il est inutile de compter sur l’empathie d’un soldat romain pour vous offrir à boire, même une simple éponge trempée dans du vinaigre. Malgré ces difficultés, le festival vaut vraiment le détour et vos peines seront récompensées ici bas.

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Erl : le Théâtre du Festival © Jean Michel Pennetier

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