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Tosca à New York : une production traditionnelle qui en jette

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Brève
28 janvier 2018
Tosca à New York : une production traditionnelle qui en jette

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La voilà enfin retransmise dans les cinémas, la nouvelle production de Tosca du Metropolitan Opera qui a tant fait couler d’encre ces derniers mois. En effet, depuis sa parution, Jonas Kaufmann, Kristin Opolais et Bryn Terfel, initialement prévus dans les trois rôles principaux, ont renoncé, l’un après l’autre, et pour des raisons diverses, à leur participation. Au pupitre, Andris Nelsons a cédé sa place à James Levine qui, suspendu par le théâtre, s’est vu contraint de laisser la sienne à Emmanuel Villaume.

Annoncée par Peter Gelb, directeur de la première scène lyrique new-yorkaise, comme un retour à la tradition, souhaité par le public pour les classiques du répertoire, cette production, signé David  McVicar succède à celle de Luc Bondy qui, à sa création en 2009 avait essuyé la désapprobation d’une partie de la critique et les huées des spectateurs habitués depuis 1985 à la version de Zeffirelli.

De fait, les décors monumentaux signés John Macfarlane ne sont pas sans rappeler ceux du metteur en scène italien. On l’aura compris, le cadre spatio-temporel est respecté à la lettre. Au premier acte, l’intérieur de l’église sant’Andrea della Valle semble plus vrai que nature. Au deuxième, un feu de cheminée projette des lueurs rougeâtres sur les murs sombres de bureau de Scarpia, créant ainsi une atmosphère angoissante. Enfin au troisième, la statue de l’archange Saint-Michel se détache sur un ciel tourmenté comme le cœur de Cavaradossi. La direction d’acteur, extrêmement rigoureuse, ne laisse pas un instant les personnages livrés à eux-mêmes, chaque geste, même le plus anodin, a un sens comme dans une scène de cinéma. Loin de sombrer comme on aurait pu le craindre dans la ringardise, cette production de toute beauté ne manque pas d’allure.

Quant à la distribution, c’est finalement à Sonya Yoncheva, Vittorio Grigolo et Željko Lučić qu’échoit la tâche d’incarner les personnages principaux, les deux premiers effectuant pour l’occasion leur prise de rôle avec brio en dépit de quelques imperfections qui s’estomperont sans doute avec le temps et l’expérience.

Grand habitué du Met, le baryton serbe trouve en Scarpia un emploi qui correspond idéalement à ses moyens. Sans jamais en faire trop, il parvient à rendre crédible ce personnage cynique et libidineux auquel il confère cependant une certaine distinction comme il sied à un baron. Au deuxième acte, il réussit à faire monter progressivement la tension par petites touches jusqu’au coup de couteau de Tosca. Une superbe incarnation.

Vittorio Grigolo a pour lui un physique de jeune premier et un timbre clair et ensoleillé. Très à l’aise sur le plateau, le ténor italien se montre convaincant durant les deux premiers actes. Hélas son « E lucevan le stelle » tant attendu déçoit. A force d’étirer les piani dont il parsème son air, il se trouve plus d’une fois en décalage avec l’orchestre et l’émotion passe à la trappe. C’est dans la dernière partie de l’acte qu’il parvient à être touchant quand l’expression de son visage et les inflexions de sa voix laissent entendre clairement qu’il a compris qu’il allait mourir.

Lors des dernières représentations de Don Carlos à la Bastille, Sonya Yoncheva avait paru vocalement épuisée tout comme à la première de La Bohème après laquelle elle avait d’ailleurs jeté l’éponge. C’est avec une santé vocale recouvrée qu’elle s’empare du rôle de Tosca dans lequel la richesse de son timbre, l’ampleur de sa voix, l’opulence de ses graves font merveille. De bout en bout le personnage est assumé. Les minauderies de la femme jalouse au un, l’affrontement avec Scarpia au deux, le désespoir après la mort de Mario au trois, rien ne laisse à désirer. D’où vient cependant que l’on reste quelque peu sur sa faim ? Peut-être à cause d’un chant sans beaucoup de nuances, notamment le « Vissi d’arte » constamment forte qui n’évoque guère une femme terrorisée à l’idée de subir les outrages de son bourreau ou de perdre son amant, peccadilles sans doute si l’on se réfère à l’interminable ovation que le public lui réserve au rideau final.

Enfin Emmanuel Villaume adopte des tempi vifs et une direction parfois tonitruante, efficace dans les scènes paroxystiques, théâtralement spectaculaires.  

La prochaine retransmission du Met dans les cinémas du réseau Pathé Live aura lieu le 10 février prochain et sera consacrée à L’Élixir d’amour avec Matthiew Polenzani et Pretty Yende.

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© Ken Howard/Metropolitan Opera

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