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Un crooner chez Dowland

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Brève
5 octobre 2012
Un crooner chez Dowland

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L’introduction instrumentale nous fait appréhender le pire : un pittoresque facile et gorgé de clichés, mais c’est sans compter sur le ténor suave et melliflue de Michael Slattery, héros de cet improbable remix intitulé Dowland in Dublin. Il constitue le seul véritable attrait d’un disque inclassable, à la fois terriblement agaçant et au charme entêtant. « Nous nous sommes amusés, écrit Sylvain Bergeron, co-auteur du projet et directeur artistique de la Nef, à dépouiller certains Ayres de Dowland de leurs accompagnements et contrepoints complexes en cherchant à leur redonner une simplicité, une saveur “celtique”». Comme l’a magnifiquement démontré Sting, accompagné au luth par Edin Karamazov (Songs from the Labyrinth), Dowland n’a nul besoin d’arrangements, de violons, de flûtes, de cistre ou encore de shruti box (instrument indien à anches libres) pour nous toucher droit au coeur. Heureusement, les artistes privilégient la veine légère, enjouée du compositeur (« Fine Knacks for Ladies »,« Me, Me and None but Me »,«Come again, Sweet Love »…) ; le soleil noir de la mélancolie n’aurait probablement pas souffert un tel traitement. Quelle frustration, en même temps, de ne pas retrouver Michael Slattery dans « Flow my tears », « I saw my lady weep » ou encore « In darkness let me dwell » ! Natif de West Clare en Irlande, notre crooner peut interpréter Handel, Wagner, puis Candide, danser le mambo au bras de Lauren Bacall et incarner le plus tendre et vulnérable des Orphée (Monteverdi), cultivant un bel éclectisme qui le conduit à aborder également le répertoire traditionnel de son pays (la critique outre-Manche a salué son récital The Irish Heart) dont John Dowland est peut-être lui aussi originaire. Il aborde en tout cas sa musique avec un naturel et une justesse admirables, la texture délicate et les aigus ensorcelants de sa haute-contre (« Come Heavy Sleep », « Behold a Wonder Here ») dissipant les réticences que nous inspirent trop souvent ses partenaires. Chapeau bas ! [Bernard Schreuders]

Dowland in Dublin. Michael Slattery, ténor; La Nef; Sylvain Bergeron, Sean Dagher, Michael Slattery, direction musicale et arrangements. ATMA CLASSIQUE ACD2 2650 (1 CD)

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