Le journaliste du New York Times ne l’avait pas remarqué durant les représentations de La Traviata au Metropolitan Opera mais une photo prise à l’occasion des répétitions a révélé le pot aux roses, en l’occurrence un fil suspect qui courait dans le dos de Diana Damrau, l’interprète du rôle-titre. La soprano était équipée d’un micro pour amplifier sa voix, un sacrilège dans le monde de l’opéra où la projection fait partie de l’art du chant, l’équivalent d’un contrôle de dopage positif pour les coureurs du tour de France. Interrogé, Peter Gelb, le directeur de l’institution new-yorkaise, a reconnu les faits, expliquant qu’il ne s’agissait pas de donner davantage de volume à la voix de Diana Damrau mais simplement de favoriser la qualité de la retransmission radiophonique. En effet, dans certaines scènes de certaines productions, les chanteurs se trouvent parfois placés à des endroits où leur voix est plus difficilement captée par les micros utilisés pour retransmettre la représentation en haute-définition, ce qui implique l’usage d’un tel dispositif. Le décor de La Traviata mise en scene par Willy Decker est constitué justement d’un haut mur incurvé qui, selon la position de Violetta sur scène, peut faire obstruction au son. Utiliser un microphone était le seul moyen de rendre la soprano toujours audible à l’antenne. Ce procédé ne modifie en rien la perception des spectateurs dans la salle, a insisté Peter Gelb, citant de nombreux autres exemples où il a été employé sans que l’on n’en ait jamais rien dit. De quoi faire froid dans le dos des amateurs d’opéra pour lesquels ce silence autour d’une telle pratique peut sembler suspect. S’il faut trouver des responsables à l’affaire, on pointera du doigt les retransmissions de toute sorte des opéras qui, on le découvre peu à peu, n’ont pas que des avantages (voir la brève du 19 mars dernier) et la taille de certaines salles dont le gigantisme dépasse les limites de la voix humaine. Faut-il fermer l’Opéra Bastille ? A l’instar de Sylvain Fort le mois dernier, on serait tenté de répondre oui. [Christophe Rizoud]