Le Royaume-uni avait presque tout prévu pour le décès d’Elizabeth. Ce qui n’était pas prévu, c’est que nombreux seraient ceux qui voudraient entendre le nouvel hymne royal, le God save the King succèdant au God save the Queen, en particulier sur les plateformes de streaming audio. Mais, le règne d’Elizabeth II ayant duré 70 ans, personne en Grande-Bretagne n’avait jugé utile d’enregistrer cette version : le précédent enregistrement britannique disponible remonte ainsi à 1932, chanté par Maurice Winnick et son orchestre, au Carlton Hotel. La seule version récente disponible se trouve être celle enregistrée en 2017 pour le label Musigram par le baryton français Arnaud Kientz (également professeur et conférencier). Le chanteur avait enregistré La Marseillaise pour le même label en 2016 : l’année suivante, après avoir enregistré le God save the Queen, il proposa de chanter également la version alternative. Au final, cette unique version moderne (chantée ou instrumentale) aura été écoutée 500 000 fois à ce jour sur les diverses plateformes telles que Spotify, Deezer, Apple Music.. et caracole sur TikTok, d’autant que la nouvelle a été relayée par la BBC et par le quotidien britannique The Guardian. « C’est plutôt amusant », déclare Arnaud Kientz heureux de toucher un public jeune. « Ça me fait plaisir. Ça leur permet d’entendre une voix qu’ils n’ont pas l’habitude d’entendre » et « le genre lyrique a besoin des jeunes ». Invité sur BFM TV, le baryton a même interprété la page en direct à l’antenne. Le royaume ne pouvait tolérer longtemps un tel attentat à l’orgueil national : la BBC a annoncé avoir engagé la mezzo-soprano écossaise (!) Katherine Jenkins, la tête de gondole du cross-over amplifié, mais cette version n’est pas encore commercialisée, le deuil national ne facilitant sans doute pas les choses. On en profitera pour rappeler que l’hymne s’est vu attribuer une origine française (contestée) relayée par Berlioz : selon les Souvenirs (apocryphes) de la marquise de Créquy, un Grand Dieu sauve le Roi aurait été composé en 1686 sur un texte de Madame de Brinon, supérieure de la Maison royale de Saint-Louis, et mis en musique par Jean-Baptiste Lully. L’hymne, qui serait ensuite devenu God save the King, devait fêter le rétablissement de Louis XIV après son opération d’une fistule anale, mais l’histoire semble dénuée de fondement. Cette version attend encore son interprète.
Sources : AFP et BFM TV