« Les Français se passionnent pour la politique mais ne vont plus à l’opéra ! ». Parmi les nombreuses inquiétudes exprimées lors du grand débat national, celle-ci a particulièrement intéressé le Président de la République. Une commande a donc été passée à Karol Beffa pour la création d’une nouvelle œuvre où, dans la lignée de Boris Godounov et Nixon in China, la musique se mêlera de politique, cette fois-ci pour narrer l’arrivée au pouvoir et les premiers mois du mandat d’Emmanuel Macron. « Il s’agira de montrer aux Français le vrai visage de la politique, bien éloigné des fantasmes trop souvent colportés par les esprits chagrins mus par leurs passions tristes, et en même temps de leur faire découvrir et aimer l’opéra, avec une œuvre tout à la fois disruptive et ancrée dans la tradition, exigeante et accessible, et qui ne coûtera pas un pognon de dingue au public ! », a déclaré le Président de la République.
En effet, En marche vers son destin, qui devrait être créé en 2021 à l’Opéra Bastille, sera proposé à des tarifs attractifs. La direction de l’Opéra de Paris ne lésinera pourtant pas sur les moyens engagés, à commencer par le casting. Dans le rôle du candidat-président, Stanislas de Barbeyrac est une évidence, qui ne fera qu’une bouchée d’une partition truffée de chausse-trapes, à commencer par la grande scène de fureur « Parce que c’est notre projeeeeet ». Karol Beffa réserve bien sûr le premier rôle féminin à Brigitte Macron (Karita Mattila), qui chantera notamment la nostalgie de sa région de cœur dans son grand air « Près des lagunes du Touquet ». Ludovic Tézier ajoutera un personnage à son palmarès : Christophe Castaner et son air du IIe acte « C’est samedi, tout est permis ». Marianne Crebassa (Marlène Schiappa) apportera un vent de disruption avec le premier air d’opéra en écriture inclusive, tandis que Gabriel Bacquier fera son grand retour en Gérard Collomb ! Du côté des méchants, Vincent Le Texier nous fera un impayable Jean-Luc Mélenchon, Karina Gauvin une redoutable Marine Le Pen (la scène du débat !), et Roberto Alagna doit encore confirmer sa présence pour assumer le rôle un peu sportif d’Alexandre Benalla. À noter, l’apparition de Sylvain Fort dans son propre rôle. Enfin, dans une perspective ludo-pédagogique, les chorales dites « Blanquer » seront mises à contribution pour le chœur du prologue « Nous sommes les premiers d’cordée, nous arrivons, nous voilà ! ».
Interrogé par nos soins, le directeur de l’Opéra de Paris Stéphane Lissner se réjouit de cette annonce : « L’opéra doit entrer en résonance avec notre monde et ne pas rester ce vaste magasin d’antiquités conservateur et consensuel. J’ai d’ailleurs décidé d’assurer moi-même la mise en scène de cette création afin de dépoussiérer « grave ». Après un premier acte dans un vaisseau spatial, le deuxième acte aura lieu dans un hôpital psychiatrique : du jamais-vu ! ». [Maximilien Hondermarck et Clément Taillia]