On a pu donner, dans un précédent article, le sentiment que l’enregistrement des trop rares et superbes Königskinder de Humperdinck dirigé par Ingo Metzmacher et édité par le label allemand Crystal Classics surgissait au beau milieu d’un néant discographique. Sans rien retirer aux qualités indéniables de cet enregistrement, rendons a César ce qui est à César et à René Koering ce qui lui revient : car c’est bien lui qui eut l’idée, en 2005, de s’intéresser à cet opus totalement inconnu en France (pensez : Hänsel et Gretel, le tube mondial de Humperdinck attend toujours sa création à l’Opéra de Paris ! Dieu merci, elle est prévue…) pour le programmer dans le cadre de son Festival de Radio France et de Montpellier. Le pari était osé. Koering avait en outre réuni pour ces représentations une distribution des plus séduisantes qui alignait rien moins que Jonas Kaufmann en Fils de roi (une splendeur, il est incomparablement plus convaincant que Vogt !), Nora Gubisch en Sorcière ou Detlef Roth (l’Amfortas du moment à Bayreuth) en Ménétrier, tous conduits par la baguette inspirée d’Armin Jordan. Quel début du III, plus tristanien que nature ! Le tout, superbement enregistré et édité par Accord (ref. 476 91 51), prend place dans la discographie au même niveau que l’enregistrement plus récent et permet – une nouvelle fois – de rendre hommage aux talents de René Koering pour faire découvrir des œuvres injustement méconnues et, accessoirement, miser sur les bons chanteurs pour les défendre. [JM]