–
Dédié aux Grands motets versaillais par Jean-Marc Andrieu, fondateur et directeur de l’ensemble baroque Les Passions, ce concert associait ces musiciens spécialisés dans le répertoire du XVIIIe siècle à un chœur composé d’éléments choisis par Alfonso Caiani dans celui du Capitole, surtout habitués à chanter l’opéra et répartis habituellement en quatre voix alors que ces pièces en demandent cinq. Le résultat balaie les craintes. La volonté d’acquérir et de maîtriser les codes de cette écriture confère à leur exécution une présence vibrante qui s’accorde aux pulsations organiques de la musique de Rameau dans ces deux pièces composées autour de 1715. La parfaite tenue stylistique des solistes (Stéphanie Révidat, Vincent Lièvre-Picard et Alain Buet), à la virtuosité aussi élégante qu’expressive, en est rehaussée, aussi bien dans le Quam dilecta sur le psaume 83 que dans le plus connu In convertendo sur le psaume 125. Entre ces deux motets gorgés de sève le De Profondis de Mondonville, sur le psaume 129, créé en 1748. Cette composition surprenante accumule les effets de contraste et rassemble des procédés en vogue – on croit parfois entendre le Stabat Mater de Pergolèse – plus qu’elle ne révèle une grande personnalité. Jean-Marc Andrieu la dirige avec une énergie qui s’accorde à la fougue des choristes. Le public leur fait un triomphe. De quoi réactiver le rêve du chef d’orchestre, celui de porter à la scène Daphnis et Alcimadure, opéra de Mondonville sur un livret en occitan. On le souhaite à ce passionné ! [Maurice Salles]
Orchestre Les Passions et Chœurs du Capitole, Toulouse, le 20 février