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Public en délire samedi soir, 5 avril, à l’Opéra Comique pour acclamer l’Histoire du soldat de Stravinsky et El Amor brujo (L’Amour sorcier) de Falla, deux œuvres courtes, présentées ici sous leur meilleur jour. Dans la première de ces œuvres, le metteur en scène Jacques Osinski transforme le diable en un magnifique et nerveux jeune homme qui loge dans un manoir art déco. Une telle approche révèle avec subtilité les lignes de force du poème de Ramuz : le raffinement de la ville face à la simplicité de la campagne, la tentation du luxe, le jeune homme pas sûr de lui qui se laisse entraîner par un autre, qui brille… Une histoire tragique, que raconte avec une émouvante justesse le narrateur Johan Leysen. Dans la deuxième, la mise en scène se fait minimale pour laisser place à l’ingrédient magique de la soirée : la danse. Les chorégraphies de Jean-Claude Gallotta sont aussi pertinentes qu’éblouissantes. Dans l’Histoire du soldat, les danseurs exprimaient tour à tour l’intériorité du soldat, ses rêves et ses démons. Débridés, ils se dépassent dans l’hypnotique et fascinant ballet qu’est El Amor brujo, irrésistiblement attirés par la voix et les pas de feu d’Olivia Ruiz. Enfin, il fallait encore un Marc Minkowski particulièrement inspiré pour qu’une telle soirée soit possible, et que l’on se dise en sortant qu’il n’y a pas que l’amour qui soit sorcier à l’Opéra Comique… [Christophe Schuwey] |