Invitation au voyage est le titre que Véronique Gens a donné à son récital de mélodies françaises, programme qu’elle donnait déjà l’été dernier au festival d’Edimbourg, et qu’elle présentait samedi soir à la Monnaie en compagnie de Susan Manoff. Du jeune Gabriel Fauré à Reynaldo Hahn, en passant par Duparc, Debussy et Chausson, cette sélection assez conventionnelle des mélodies françaises les plus plaisantes, mais sans doute pas les plus intéressantes ni les plus originales, aborde des thèmes légers et futiles et confortera sans doute tous ceux qui pensent que la mélodie française, décidément, est un art de salon bien démodé.
Il reste que Véronique Gens a non seulement une voix superbe, mais aussi une allure de star et un charme bien à elle, et qu’elle parcourt ces mélodies avec une élégante nonchalance qui ne manque ni de poésie ni de classe. Tout au plus pourrait-on souhaiter qu’elle veuille bien laisser tomber la partition et qu’elle mette à son interprétation un peu plus d’intensité dramatique et d’engagement vocal. Très attentive à la chanteuse, la pianiste Susan Manoff apporte à l’édifice une précision, une musicalité et un sens de l’à propos remarquables, donnant relief et corps à tout ce qu’elle fait et créant de ce fait une complicité idéale.