« Ne chante pas seulement des notes. Raconte une histoire ». Tel est le credo artistique que Vesselina Kasarova confie tenir de Nikolaus Harnoncourt à la journaliste Marianne Zelger-Vogt dans le livre « Ich singe mit Leib und Seele » [Je chante avec le corps et l’âme] qui vient de paraître chez Bärenreiter. Plus qu’une simple voix, la Bulgare se veut également actrice (« chanter et jouer devraient être indissociables », pense-t-elle) et explique aborder la psychologie de ses personnages à la manière des jeux de rôles de son enfance. Entrée véritablement dans les univers de Mozart, Rossini et Donizetti en 1989, après la chute du mur de Berlin, elle découvre Giuletta Simionato au détour d’un enregistrement et trouve en l’art de l’italienne son idéal de mezzo : une voix sombre dans le grave mais également capable de gravir les aigus. Avouant n’avoir aucun regret de ne pouvoir aborder les rôles de soprano (ceux destinés à sa tessiture étant selon elle « plus passionnants et plus intéressants »), elle déplore par ailleurs ne pas être en mesure d’identifier les chanteurs d’aujourd’hui lorsqu’elle les entend à la radio -car leurs voix « sonnent toutes de la même façon ». De personnalité et de singularité, Kasarova n’en manque pas. C’est ce qui transparaît au fil des pages de cette interview-fleuve à lire dans la langue de Goethe uniquement. [ND]
Vesselina Kasarova : « Ich singe mit Leib und Seele ». Über die Kunst, Sängerin zu sein Gespräche mit Marianne Zelger-Vogt, Bärenreiter-Verlag, 217p.