Créé en 1986 l’ensemble baroque Les Passions a fêté ses vingt cinq ans avec un concert Vivaldi donné les 19 et 20 avril. Au programme, virtuosité instrumentale et vocale. Jean-Marc Andrieu, fondateur et directeur de l’orchestre, interprète avec brio les ramages du célèbre concerto pour flûte à bec Tempesta di mare (RV433). Après l’entracte, le concerto en ré mineur pour deux violons et violoncelle (RV565) tiré de l’Estro armonico est une saisissante démonstration de technique, d’expressivité et de cohésion. La partie vocale, très copieuse, bénéficiait du concours de Julia Kogan, soprano colorature d’origine ukrainienne à la carrière internationale déjà lancée. Elle interprète avant l’entracte trois airs tirés successivement de Arsilda regina di Ponto, Il Tigrane et La fida ninfa (« Alma oppressa da sorte crudele ») avant d’enchaîner trois extraits de Bajazet (« Sposa, son disprezzata » / « Nasce rosa lusinghiera » / « Anche il mar par che sommerga ») et en deuxième partie le motet In furore giustissimae irae (RV626) que couronne un Alleluia triomphant. Ces airs assez variés pour mettre en valeur l’étendue de ses capacités vocales et expressives requièrent longueur de voix, de souffle, souplesse et mordant, et une agilité irréprochable. Julia Kogan triomphe haut la main des embûches, et si l’écho d’autres interprétations gravées au disque flotte dans notre mémoire la sienne se situe au rang des meilleures, favorisée par la rondeur du timbre. Le public lui fera un succès si bruyant qu’elle accordera plusieurs bis, en reprenant des airs du concert. La soirée, ce 20 avril, est prolongée par une fête réunissant l’orchestre et les spectateurs dont la fidélité a permis à l’aventure conduite par Jean-Marc Andrieu de traverser le temps et d’atteindre son bel âge. [MS]