Si vous tapez « Fedora » sur un site de vente en ligne, on vous proposera d’abord quantité de feutres mous. Dans la masse, vous trouverez quand même un DVD où deux chanteurs à l’âge plus que canonique donnent un peu l’impression que l’opéra de Giordano se déroule dans un hospice. Une version CD remontant aux années 1960 finit par apparaître. Et en affinant un peu la recherche, on découvre que le dernier enregistrement de studio ne date que de 2011. Même si l’on ne l’a peut-être jamais donné sur scène à Paris, Fedora ne sera pas un opéra totalement délaissé tant qu’il y aura des divas qui voudront affronter un personnage conçu pour Sarah Bernhardt par Victorien Sardou, comme Tosca. Et l’on ne parle même pas des « Amor ti vieta » qui se ramassent à la pelle, tant de ténors ayant eu à cœur d’interpréter l’air qui assura le succès à ce drame lyrique créé en 1898. L’œuvre eut même l’insigne honneur d’une intégrale au disque dès 1931, intégrale que repropose aujourd’hui le label Malibran. Très appréciée de Puccini et créatrice du rôle de Magda dans La rondine, Gilda Dalla Rizza était autant actrice que chanteuse, sinon plus, ne reculant devant aucun effet « vériste » au service de ses incarnations. Sa voix, ou la prise de son des années 1930, peut déranger les oreilles modernes, mais un personnage existe incontestablement. Les protagonistes masculins – le ténor Antonio Melandri et le baryton Emilio Ghirardini – eux, n’ont pas vieilli, ou du moins, étaient bien mieux servis par les micros de l’époque. Un document à connaître, surtout si vous avez été séduits par Siberia, du même Giordano, donné cet été à Montpellier.
Fedora, dirigé par Lorenzo Molajoli, 2 CD Malibran MR 816. En bonus, des airs séparés, par Caruso, Fernando de Lucia, Titta Ruffo… ou Gemma Bellincioni, créatrice du rôle-titre.