Xavier Sabata prend sa revanche

Au disque, les récitals vocaux sont régis par des modes. Avec son fameux « Vivaldi Album », Cecilia Bartoli avait inauguré une série consacrée à des compositeurs plus ou moins négligés. Avec ses hommages à Carestini ou Farinelli, Philippe Jaroussky a parfaitement illustré le procédé consistant à ressusciter le répertoire d’un grand chanteur du passé. On peut aussi explorer les différentes incarnations de héros de la mythologie (Orphée, Médée, etc.). Mais il existe une autre mode encore, qui a vu récemment quelques belles réussites : le récital conçu autour d’un personnage historique. Ann Hallenberg s’est prise pour Agrippine, Anna Bonitatibus a revêtu les habits de Sémiramis, et Anna Prohaska s’est imaginée en Cléopâtre. Prochaine étape : Xavier Sabata deviendra bientôt au disque Alexandre le Grand, inspirateur d’une soixantaine d’opéras. Si l’on peut se fier au programme des concerts intitulés L’Alessandro amante, donnés avec l’ensemble Vespres d’Arnadí dirigé par Dani Espasa, le récital devrait réunir des airs composés entre 1687 et 1741, signés Porpora, Vinci, Haendel, Bononcini et quelques autres. Rappelons qu’en 2013, quand Max Emanuel Cenčić avait proposé Alessandro de Haendel notamment à Versailles, le contre-ténor espagnol avait dû se contenter du rôle de Tassile ; le disque à paraître lui offrira donc une revanche puisqu’il pourra y interpréter le roi de Macédoine en personne.