Un communiqué de presse paru la veille de la nouvelle année faisait part de la détresse des musiciens de l’orchestre du Metropolitan Opera de New York. Impayés depuis mars, ils ont appris avec stupéfaction que le gala du Nouvel An avait été sous-traité à un ensemble extérieur.
Dans une interview au quotidien québecois le Devoir, leur directeur musical Yannick Nézet-Séguin s’est exprimé pour la première fois ouvertement sur cette crise salariale qui ébranle l’institution new-yorkaise : « C’est inacceptable et douloureux qu’un chœur et un orchestre de ce calibre soient sans paie depuis mars. Je l’ai dit : je ne crois qu’au dialogue. Il est difficile présentement. Ce qui m’importe, c’est que les gens continuent de se parler dans l’institution. Le dialogue est trop lent. Je ne peux pas y croire. À Philadelphie, on s’en tire, on y arrive. Le Met va y arriver comme les autres. Mais cela me montre une fois encore que, sans filet social gouvernemental, tout cela est beaucoup trop fragile », déplore-t-il.
Afin de joindre l’action à la parole, le chef montréalais annonce la création d’une campagne de fond baptisée #wewillMETagain. Yannick Nézet-Séguin s’est annoncé prêt à doubler personnellement chaque don extérieur, dollar par dollar. Les fonds sont reversés à l’associations Met orchestra musicians, qui aidera ensuite les musiciens et le personnel de l’orchestre en difficulté.
Si l’on ne peut que saluer la prise de parole et la générosité du chef canadien, on se doit de constater que cette action ne résoudra pas le problème sur le long terme. La cagnotte s’élève déjà à plus de 25 000 dollars, certes, mais c’est bien peu compte tenu des difficultés que traversent le chœur, l’orchestre et le personnel technique de l’opéra. Comme le rappelait le chef lui-même dans l’interview, « aux États-Unis, le gouvernement ne dit absolument rien sur la culture. Je vois des donateurs extrêmement dévoués et passionnés par les institutions. Mais il y a un décalage incroyable entre le discours collectif et ces individus que l’on n’entend jamais ». Le salut se situe manifestement au-delà des initiatives privées, aussi généreuses soient-elles.