Myto réédite aujourd’hui dans son élégante collection historique, la dernière Violetta de Maria Callas sur le continent européen. Après deux soirées londoniennes, dont celle du 20 juin 1958, Callas donnera encore deux Traviata à Dallas à l’automne… et ce sera tout. Testament inestimable, donc, déjà diffusé par d’autres éditeurs ces dernières années au demeurant.
Loin d’être fatiguée ou lasse de la vie, cette Violetta là, qui a mûri bien sûr, est certaine de son destin, mais ardente comme au premier jour, y compris vocalement, à un point tel qu’on a du mal à imaginer que les spectateurs de Covent Garden assistaient, ce soir, là, à des adieux. Le premier acte est mené tambour battant et Callas conclut l’acte par un contre-ré dièse au vibrato marqué, mais tonitruant. Les deux moments forts de l’œuvre sont le duo du II avec Mario Zanasi, très grand Germont (et l’époque en était riche ! Songeons à Robert Merrill, Giuseppe Taddei, Ettore Bastianini ou Leonard Warren, entre autres) et la mort de Violetta, qui prend, dans ce contexte, une force particulière.
Alfredo est Cesare Valletti, avec qui Callas avait déjà partagé l’affiche dans Traviata, sept ans auparavant en juillet 1951 à Mexico et qui chanta régulièrement à ses côtés (en particulier dans la Sonnambula à la Scala en 1955). Cet élève de Tito Schipa, né à Rome, n’a pas un timbre particulièrement séduisant. Mais sa jeunesse, la ligne de chant, la vaillance emportent l’adhésion.
Le chef américain Nicola Rescigno, décédé l’été dernier, lui aussi habitué des productions avec Maria Callas, mène les forces de Covent Garden en les mettant au service des chanteurs.
Un double CD qui devrait figurer dans toute discothèque d’amateur d’opéra.
Jean-Philippe THIELLAY