Amateurs de partitions rares souvent cueillies dans les serres chaudes de la Belle-Epoque, la Compagnie de L’Oiseleur s’attache à raviver le souvenir d’Armande de Polignac (1876-1962), « une des grandes compositrices françaises du XXe siècle » d’après Florence Launay (auteure chez Fayard en 2006 des Compositrices en France au XIXe siècle) – à ne pas confondre avec la princesse Edmonde de Polignac, célèbre mécène dont le salon de musique accueillit Marcel Proust, entre autres personnalités fameuses.
Le choix apparaît judicieux en un siècle – le nôtre – qui cherche à rendre aux musiciennes une place longtemps refusée. La démarche ne saurait cependant être taxée d’opportunisme tant la découverte de ces quelques pièces – empruntées à un catalogue de plus de cent cinquante œuvres – suffit à convaincre du talent de celle que le critique Emile Vuillermoz considérait comme « une sorte de Stravinsky au féminin ».
Des mélodies, certaines réunies en cycles – La flûte de jade (1922), L’Amour fardé (1919)… – sont entrecoupées de préludes pour piano, voulus « fil conducteur » de l’enregistrement. D’un jeu qui épouse la limpidité ondoyante de l’écriture, Stéphanie Humeau conduit effectivement le discours musical auquel Sabine Revault d’Allones, Sébastien Romignon Ercolini et Jacques François L’Oiseleur des Longchamps prêtent alternativement leur voix. L’excès de conviction, parfois préjudiciable à la délicatesse de ces partitions, est compensé par l’attention portée au texte, essentielle dans ce répertoire.
Armande de Polignac a composé deux opéras – La Petite Sirène (Nice, 1907), Les Roses du Calife (Paris, 1909). A quand leur exhumation sur une de nos scènes ?