Cette réédition du blu-ray et DVD de l’Atys de l’Opéra comique était une nécessité historique indéniable et absolue. Créée en 1987, la production de Jean-Marie Villégier, avec William Christie à la direction musicale, constitue un jalon de l’histoire de la réception de la musique baroque en France et est, en particulier, à l’origine de la redécouverte d’Atys. Cette production a depuis lors fait l’objet d’une seule reprise, à l’Opéra-Comique, en 2011, dont Forum Opéra avait alors rendu compte, de même qu’en ce qui concerne la sortie en format DVD la même année.
Si cette réédition était un impératif catégorique, c’est que cette production est indiscutablement culte. La direction musicale de William Christie a consisté – tout simplement – à reconstituer la partition, tel un travail de restauration, et donne à voir et entendre une œuvre majestueuse et sublime, restituée par Les Arts Florissants dont la performance est d’une infinie beauté. Le divertissement du sommeil – un exemple parmi tant d’autres ! – scotche le spectateur qui sait qu’il revisionne là un spectacle mythique. Rarement une telle osmose entre musique et scène aura été atteinte : la mise en scène de Villégier propose une approche à la fois « réaliste », en costume plus ou moins d’époque, et en même temps abstraite, par le jeu de la mise en abîme procurée par le décor unique à la noirceur annonciatrice.
L’alignement des planètes est sidérant puisque le plateau vocal n’est pas seulement un sans faute, il fait date. L’Atys de Bernard Richter a toute la légereté du jeune premier et le poids du héros tragique. La Sangaride d’Emmanuelle de Negri est, au-delà de la beauté et perfection vocales, d’une justesse humaine épatante, à faire passer l’alexandrin pour une forme de langage parfaitement courante. La Cybèle de Stéphanie d’Oustrac est indépassable et insurpassée à ce jour : la mezzo-soprano insuffle tout son talent d’immense tragédienne à ce rôle qui devient, par le filtre de sa voix, éminemment multi-dimensionnel. Le reste de la distribution est à l’avenant : Nicolas Rivenq en Célénus et Marc Mauillon en Idas proposent une performance impeccable, de même que Bertrand Deletré en Temps et Fleuve Sangor, tandis que Jaël Azzaretti propose une Mélisse au talent comique certain, et Sophie Daneman une Doris très convaincante. Le divertissement du sommeil est, notamment, servi par les excellents Cyril Auvity (en Morphée) et Paul Agnew (dieu du sommeil), dont la pureté de la voix achève de subjuguer le spectateur.
Le coffret blu-ray est tout aussi somptueux que l’opéra, accompagné de son petit livret imprimé en couleur. On peut toutefois regretter que les bonus présents sur l’édition originale du DVD aient disparu de cette réédition. Qu’importe, le plaisir de découvrir cette production en haute définition, grâce à la technologie blu-ray, est un plaisir incommensurable que rien ne saurait gâter.