Daniel-François-Esprit Auber a composé au cours de sa vie 47 ouvrages lyriques, sans compter des ballets, des mélodies, de la musique religieuse, ainsi que des œuvres de circonstances non publiées, comme une marche funèbre pour l’enterrement de Napoléon. Naxos a entrepris le projet monumental de publier l’intégralité des ouvertures et entractes du prolifique compositeur. Après un premier volume publié en 2016, l’éditeur allemand nous offre une nouvelle moisson de morceaux essentiellement inédits, composés entre 1813 et 1826, c’est-à-dire en première partie de la longue carrière du musicien.
De ces ouvrages, on ne trouvera guère en intégrale que Le Maçon (un grand succès avec 525 représentations), et encore, dans une version allemande enregistrée pour la radio dans les années 50. L’auteur de ces lignes se faisait une joie de ce nouvel enregistrement, mais il faut malheureusement déchanter devant ce résultat monochrome et sans éclat, le plus souvent poussif. L’Orchestre de Chambre Philharmonique de Pardubice offre un son étriqué, limité en couleurs, plat, avec des instrumentistes un peu imprécis. Seuls des violons acides dans les aigus viennent troubler un brouet monotone.
Avec une direction appliquée, le chef d’orchestre Dario Salvi dirige trop sagement, et sa baguette peine à donner du rythme à ses pièces qui ne demandent pourtant qu’à éclater. On a parfois l’impression d’entendre de la musique de chambre de Haydn interprétée bien sagement. Auber admirait certes le compositeur autrichien, tout comme Wagner admirait Auber : mais qui songerait pourtant à interpréter l’ouverture de Fra Diavolo avec le tempo du prélude de Tristan ?
La prise de son n’est pas fameuse : pas mal d’instruments semblent fondus dans la masse (percussion, cuivres…) comme s’il s’agissait d’une réduction pour orchestre de chambre. Au positif, cet enregistrement coûte moins de 10 euros, et permet ainsi d’accéder à peu de frais à un pan méconnu du répertoire du compositeur. L’ouverture du Maçon, comme celle de La Bergère châtelaine (premier grand succès du compositeur et où l’on trouve déjà tout ce qui fera le succès de ses ouvrages à venir) sont de petits chefs-d’œuvre qui méritent le détour.