SDG (Soli Deo Gloria) poursuit sa publication de DVD dirigés par John Nelson. Après la Missa Solemnis récemment chroniquée (voir recension), c’est cette fois la grandiose Schöpfung de Haydn qui y passe, servie par une distribution prometteuse.
Le chef d’orchestre tire tout le potentiel de la Philharmonie de chambre de la radio néerlandaise : un son riche et plein, dont les attaques et les dynamiques, le jeu même, émerveillent sans cesse. Ecoutez les cordes dans le « Mit würd’ und hoheit angetan » : on a là un certain accomplissement, les apports de l’interprétation baroque, sans sacrifier à la plénitude du son. Les trois anges sont de belle tenue. Lisa Milne en Gabriel se délecte de cette partition et son plaisir est communicatif, malgré quelques difficultés sur les vocalises les plus rapides et cet air qui filtre parfois au travers de ses cordes vocales. On lui préfère la délicieuse et rayonnante Eva de Lucy Crowe. Matthew Rose, au timbre autoritaire, qui succède au Chaos initial de bien belle manière, conserve durant ses airs une assise qui lui donne la prestance d’un Raphael. L’Adam de Jonathan Beyer est élégant mais c’est sans conteste Werner Güra qui nous ouvre les portes du paradis perdu : gracieux et léger – angélique, dirons-nous –, il fait jaillir la lumière d’une partition qu’il ornemente, joueur, avec éclat. Toute l’intelligence du chanteur de lieder sert ici l’oratorio, pour notre plus grand bonheur. Dommage que le Chœur de la radio hollandaise semble en retrait, le fameux « Die Himmel erzählen » ne prenant pas la dimension qu’il devrait. Et c’est d’ailleurs le chœur, dont les registres masculins forcent à plusieurs reprises, qui suscite une petite réserve de notre part.
Le fait de filmer des œuvres de ce type ne va pas de soi. En l’occurrence, le travail réalisé mérite qu’on s’y attarde : il y a une tentative de dramatisation par l’utilisation des mouvements de caméra, soit des travellings à répétition. Ainsi, le trio « Der Herr ist gross in seiner Macht » induit-il un mouvement latéral de l’objectif, en accord avec la dynamique musicale des « und ewig… ». De même, un plan tonitruant, composé de l’or des candélabres, brille à l’occasion du « Und es war Licht ». Qu’en dire ? Que l’intention est louable et que le résultat, s’il est parfois plaisant, est aussi un peu kitsch, et qu’il déconcentre. Qu’en faire ? On ne voudrait pas décourager ce genre de tentatives, mais la recette doit être autre. C’est sinon l’intérêt même du DVD qui en fait les frais.