Déjà traité en mars 1982 sous le numéro 40, Macbeth de Giuseppe Verdi fait l’objet d’une nouvelle publication de l’Avant-Scène Opéra1. Nouvelle publication et non pas mise à jour, ce qui ne signifie pas pour autant que tous les articles soient inédits.
Rescapés de la première édition : un extrait des souvenirs de Marianna Barbieri-Nini, la créatrice du rôle de Lady Macbeth ; une étude comparée des deux versions de l’opéra (1847 et 1865) par Jean Cabourg ; Shakespeare, inspirateur du chant par André Tubeuf. Soit une dizaine de pages sur les cent soixante que compte la revue. Pourquoi avoir conservé ces trois textes là plutôt que les autres ? Mystère. Nous n’aurions pas forcément retenu Tubeuf qui, en examinant les liens entre Shakespeare et la voix, s’écarte un peu trop du sujet, d’autant que parmi les nouveaux venus figure un article autrement qualifié de Gilles de Van sur la rencontre de Verdi et Shakespeare. Cabourg et Barbieri-Nini s’avèrent en revanche incontournables.
Pour les nouveautés, Gilles de Van donc, la dimension fantastique de Macbeth étudiée par Gaëlle Loisel et, très dispensable, l’inventaire par Etienne Barilier des peintres qui ont représenté la scène de somnambulisme.
Chantal Cazaux qui dirige cette nouvelle édition se taille la part du lion en réécrivant entièrement le synopsis, le guide d’écoute et l’introduction, envisagée maintenant sous un angle pratique quand Alain Duault proposait un simple édito. Sur le fond, cela revient à peu près au même ; le regard porté sur l’opéra de Verdi n’a pas beaucoup changé depuis 1982 : on savait déjà apprécier l’incroyable modernité de Macbeth (il n’en aurait pas forcément été de même 30 ans auparavant). Sur la forme, on y gagne une mise en page plus aérée qui rend la lecture plus facile, des photos en couleurs et un langage plus actuel, zébré de quelques métaphores d’un lyrisme bienvenu (« un opéra brûlant de consciences consumées » ; « une lumière crue soudain plaquée sur le crime » ou encore « la saveur âcre d’un charme rompu »).
Comme à chaque réédition de l’Avant-Scène Opéra, ce qui fait d’abord le prix du numéro, c’est la mise à jour de la discographie, entièrement reconsidérée par Sandro Cometta et Elisabetta Soldini. La version de Paris (1865) est distinguée de celle de Florence (1847). Plus de trente enregistrements sont passés au crible, contre une dizaine dans l’édition précédente, de Karl Bohm en 1944 à Gustav Kuhn en 1992 (si, comme moi, vous avez l’habitude de vous précipiter sur la conclusion pour connaître le ou les heureux gagnants, je ménagerai le suspens en ne vous dévoilant pas le résultat des courses).
Enfin, les technologies ayant évolué depuis 1982, une vidéographie de l’œuvre fait maintenant son apparition avec pas moins de 20 versions au catalogue (là encore, je ne révélerai pas la meilleure ; je dirai juste que le choix est discutable). L’œuvre à l’affiche, elle, ne tire pas un trait sur le passé et aborde les années 1983 à 2009.
Parmi les textes disparus, on regrette d’abord les interviews de Pier Luigi Pizzi, Pietro Cappuccilli et Renato Bruson qui fut un Macbeth magnétique. Il serait dommage aussi de passer à la trappe les regards de Michel Parouty et Jacques Gheusi sur le personnage de Lady Macbeth et ceux d’Anna Guedy et Philippe-Joseph Salazar sur le duo qu’elle forme avec son époux. Les textes de Pierre Combescot et Martial Petitjean sur la pièce de Shakespeare ainsi que l’esquisse de mise en scène proposée par François Coupry nous paraissent moins essentiels.
En conclusion, un numéro indispensable, comme tous les numéros de l’Avant-Scène Opéra, qui n’annule et ne remplace pas l’édition précédente mais vient la compléter. Agrandissez votre bibliothèque !
Christophe Rizoud
Réagissez à cet article, votre commentaire sera publié
