Avant de tourner la page de l’Opéra-Comique, dont il avait pris la direction en 2015, Olivier Mantei jette un dernier regard sur les années passées à la tête d’une des plus vénérables – et remarquables – institutions lyriques françaises. Le panorama embrasse aussi le Théâtre des Bouffes du Nord qu’il codirige depuis 2010.
Cette mise au point sur les plus belles images de ses mandats se traduit par un essai d’une centaine de pages, au-delà du simple recueil d’anecdotes et de souvenirs, contrairement à ce que suggère le titre – Dessous de scène.
Des anecdotes, il y en a cependant, plaisamment relatées avec l’intention non seulement de distraire le lecteur mais surtout de susciter une réflexion plus large sur le spectacle vivant en général et l’opéra en particulier. La nécessaire adaptation du genre aux contraintes de notre époque, la création contemporaine, les méfaits et les effets de la pandémie… Pour chacun de ces sujets, Olivier Mantei s’appuie sur son expérience afin de dresser un constat et au-delà, esquisser des solutions. Sans en dévoiler davantage pour ne pas spoiler une lecture toujours instructive, quelques chiffres donnent à réfléchir : la diffusion en streaming des dernières créations de l’Opéra-Comique a rassemblé en un trimestre un nombre de spectateurs équivalent à dix années de lever de rideau Salle Favart – 100 000 rien que pour Hippolyte et Aricie dirigé en novembre 2020 par Raphael Pichon.
Derrière ces réflexions transparaissent les heurs et malheurs d’un directeur de théâtre, qu’Olivier Mantei compare sur l’échiquier du spectacle au cavalier obligé d’emprunter un parcours anguleux pour avancer, incapable d’emporter la partie sans l’aide des autres pièces du jeu. L’examen des comptes, l’équilibre budgétaire, la quête de mécènes, les caprices des artistes… Rien ne lui est épargné. On mesure la dose de diplomatie et l’effort de résilience indispensables pour maintenir à flot la maison dont il a la charge.
En contrepartie, il y a les rencontres artistiques qui parfois deviennent amicales et surtout l’amour du théâtre et de la musique, perceptible derrière chaque phrase de ce témoignage prudent – diplomatie, oblige – mais riche d’enseignements.