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Richard Strauss

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Livre
25 janvier 2010
Egoïste !

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3

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Détails

Richard Strauss
par Christian Goubault
Collection horizons
Bleu nuit éditeur
N°12
ISBN 2-913575-91-9
176 pages, 20€

Contrairement à d’autres compositeurs de la Collection horizons (Gaetano Donizetti, Edouard Lalo, Guillaume Lekeu, etc.), Richard Strauss (1864-1949) dispose déjà d’une bibliographie conséquente. Avant de l’énumérer de manière sélective dans la rubrique consacrée en fin de volume, Christian Goubault nous la rappelle en introduction : « Nous bénéficions aujourd’hui d’une excellente traduction en français de la correspondance de Richard Strauss échangée avec Hugo Von Hofmannsthal1 d’une part, et avec Stefan Zweig2 d’autre part. L’ouvrage L’opéra selon Richard Strauss de Bernard Banoun3 est devenu indispensable […] tout comme les analyses circonstanciées de L’Avant-Scène Opéra […]. Parmi la masse des ouvrages consacrés à Strauss, nous retiendrons trois ouvrages français : le synthétique et clair Richard Strauss de Claude Rostand4 […], le tonique et suggestif Richard Strauss d’un Antoine Goléa5 qui ne mâche pas ses mots ainsi que le pénétrant petit volume de Dominique Jameux6. ». Puis l’auteur de balayer les livres en langues étrangères, tout aussi nombreux et incontournables pour qui veut explorer l’univers d’un des compositeurs majeurs du 20e siècle (du 19e rectifieront certains esprits perfides). Dans ces conditions, cette nouvelle biographie n’a pas vocation à défricher, à dévoiler ni même à rétablir des vérités oubliées mais à récapituler. Sans tricher. Parcourant rapidement – le format de la collection l’impose – les quatre-vingt cinq années de la vie de Richard Strauss, Christian Goubault ne cherche pas à dissimuler les traits moins flatteurs de l’homme derrière le portrait du musicien : « vulnérable, grand enfant, opportuniste, inapte à l’autocritique… ». Il souligne « la gourmandise presque enfantine » avec laquelle le compositeur aime les honneurs ainsi qu’en témoigne la mention « Dr » dont il fait systématiquement précéder son nom, à partir du moment où l’Université d’Heidelberg lui décerne le grade de Docteur honoris causa. Plus gênant, son attitude complaisante envers le régime nazi que Christian Goubault analyse dès les premières pages, concluant que Richard Strauss est un égoïste : le serviteur du Prince quel qu’il soit, par désir de confort et soif de privilèges. Par souci aussi de préserver sa famille, son fils Franz ayant épousé Alice Grab, la fille d’un industriel viennois israélite.

 

C’est ce même regard, honnête et circonstancié, que Christian Goubault porte sur la musique de Richard Strauss, où « le meilleur voisine parfois avec le pire, le convenu avec le sublime ». Œuvre immense portée par l’égocentrisme d’un compositeur qui avait choisi de se mettre en musique, comme d’autres en scène, et qui revendiquait le droit de n’obéir à aucun mot d’ordre, d’écrire ce qui lui plaisait, «  car il ne pouvait ni charger sur ses épaules la tragédie du temps présent, ni apporter sa caution à une évolution musicale qui s’élaborait sans lui ». Ainsi, derrière les arguments de ses poèmes symphoniques ou les livrets de ses opéras, ne faut-il voir qu’un seul sujet : Richard Strauss lui-même, sa famille (notamment sa femme Pauline, sacré tempérament qu’il épousa en 1894), ses voyages, son environnement, ses sentiments, ses états d’âme, Strauss, toujours Strauss. La Symphonia Domestica (1903) et l’opéra Intermezzo (1923) en sont la plus évidente des démonstrations mais chaque partition, à bien y regarder, renvoie à son géniteur. Reste à savoir si Strauss se dévoilait vraiment dans ses œuvres ou s’il ne cherchait pas plutôt à donner une image idéale de lui-même, consciemment ou inconsciemment (nous sommes à Vienne au temps de Freud).

 

Question parmi tant d’autres que suscitent un homme mais aussi un univers artistique, une société, une époque d’une opulence inouïe. Pour autant, Christian Goubault ne se laisse pas déborder par la richesse du propos. Conduit d’une écriture ferme, sans digression inutile, avec une juste mesure d’anecdotes, de citations et d’exemples musicaux, son Richard Strauss offre un excellent aperçu d’un compositeur qui avouait avec humour n’être pas « de premier ordre » mais « de second ordre de première catégorie ». Aveu que les amateurs d’opéras, les amoureux des voix féminines surtout, ne peuvent cautionner.

 

Christophe Rizoud

 

1 Richard Strauss/Hugo Von Hofmannsthal, Correspondance 1900-1929, Fayard, 1992

2 Richard Strauss/Stefan Zweig, Correspondance 1931-1936, Flammarion, 1994

3 Bernard Banoun, L’Opéra selon Richard Strauss, Fayard, 2000

4 Claude Rostand, Richard Strauss, La Colombe, 1949 ; Seghers, 1964

5 Antoine Goléa, Richard Strauss, Flammarion, 1965

6 Dominique Jameux, Richard Strauss, Hachette Pluriel, 1986

 

 

 

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