Au début, on avoue l’avoir trouvée saumâtre. Alors que tout semble indiquer un nouvel enregistrement d’Elina Garanča, on se rend compte assez rapidement qu’Erato s’est contenté de mettre bout-à-bout un récital Mozart datant de 2005 et des extraits du Bajazet de Vivaldi gravé pour Virgin en 2004. Un simple copier-coller, où la seule trouvaille consiste à intercaler le baroque au milieu du classique, selon des motifs qui d’ailleurs restent mystérieux.
On s’apprête donc à renvoyer le lecteur vers les comptes-rendus rédigés par la presse de l’époque, ne voyant pas très bien ce qu’on pourrait y rajouter. Cependant, en laissant tourner le disque, on ne peut empêcher la « magie Garanca » d’opérer. Cette diablesse de chanteuse a tant d’opulence dans son timbre, tant d’aisance dans sa façon d’aborder les passages les plus délicats des airs de Mozart, là où beaucoup de ses collègues forcent et se crispent, tant de caractère à donner à son personnage vivaldien que l’on ne peut s’empêcher de prendre un plaisir coupable à réécouter ces bandes, quand bien même elles sont déjà anciennes et supposées connues.
Rien n’a changé d’un micro-poil par rapport aux parutions d’origine, les photos de la pochette sont les mêmes, pas la moindre trace de remastérisation dans la prise de son et la notice est réduite comme peau de chagrin. Mais il n’y a rien à faire, le charme s’insinue en nous, lentement mais sûrement … On se baigne dans cette voix comme dans un fleuve aux eaux salvatrices, et qu’importe finalement que l’on s’y soit déjà baigné la veille, la semaine dernière ou il y a 5 ans. En conclusion, l’éditeur n’a peut-être pas eu une si mauvaise idée de procéder à ce « rhabillage ». Surtout que le minutage généreux et le prix très doux font de ce CD un cadeau idéal. Pour ceux de vos amis qui auraient l’insigne malchance de ne pas encore connaître l’art d’Elina Garanca.