Seules ces Trois leçons pour le mercredi saint, écrites pour le convent de Longchamp, nous sont parvenues, celles du jeudi et du vendredi étant considérées comme perdues. Elles ont fait l’objet de nombre d’enregistrements tant leur écriture et leur forme sont parfaitement achevées. Le seul air de la deuxième leçon, « Recordare est Jerusalem », le justifierait pleinement, sorte de lamentation sur passacaille parmi les plus réussies du temps. Les vocalises souples et sensuelles des lettres hébraïques, comme les versets, récitatifs ou ariosos, sont d’une grande justesse stylistique, assis sur une basse continue tonique. Les images contrastées, les figuralismes sont remarquablement servis et la voix d’Anne Magouët à laquelle se joint celle de Chantal Santon-Jefferey (pour la troisième) nous valent une gravure de référence. Nous les retrouvons pour les Quatre versets du psaume Mirabilia testimonia. Dès le premier, l’entrelacs des deux voix est un régal. C’est une merveille de fraîcheur que celles-ci, dans leur jeu avec les flûtes et les violons de l’Adolescentulus sum ego, tout particulièrement. De la messe pour les couvents, antérieure de plus de dix ans, nous n’aurons que l’Agnus Dei. L’instrument, sa registration et l’interprétation de Marc Meisel nous font regretter de n’en pas écouter davantage.
Le CD nous vaut un bonheur supplémentaire : le premier enregistrement mondial de huit motets à voix seule, deux ou trois parties, et symphonie (1705), dont la ferveur sincère rejoint celle des autres pièces du programme. Benoît Arnould y confirme toutes ses qualités vocales et stylistiques, les mots ont leur sens. Quant aux Ombres, l’ensemble s’y révèle coloré et animé à souhait, de quoi réjouir tous les auditeurs, bien au-delà des frontières du baroque.