L’intrigue d’Il campanello – parfois appelé Il campanello di notte (La Sonnette de nuit) ou encore Il campanello dello speziale (La Sonnette de l’apothicaire) – est simple et bouffonne. Don Annibale Pistacchio vient d’épouser Serafina, mais il n’a pas encore eu le temps de consommer le mariage. Il doit partir pour Rome dès le lendemain matin. Le « cousin » Enrico, qui rêve de reconquérir Serafina va agiter toute la nuit la sonnette de l’apothicaire pour lui demander des remèdes sous divers déguisements. Le matin viendra sans que le mari ait pu satisfaire son devoir conjugal. Essentiellement bouffe, l’ouvrage se concentre sur Annibale et Enrico sans donner d’occasion de briller ou d’émouvoir à Serafina. L’impression est celle d’un Don Pasquale où l’on aurait coupé les rôles de la soprano et du ténor : dans ces conditions, l’ouvrage est certainement efficace à la scène mais, au disque, laisse sur sa faim.
Habitué des rôles de vieux barbons, Enzo Dara est ici exceptionnel de verve comique. Son chant coloré est toujours d’une parfaite expressivité et la voix d’une belle rondeur. Un vrai bonheur. Angelo Romero n’atteint pas les mêmes sommets. On apprécie ses talents comiques dans ses diverses imitations, mais moins son français tout à fait incompréhensible, même s’il est supposé faire semblant de s’exprimer dans cette langue. Le baryton rend toutefois justice à la tessiture du rôle, parfois tendue, mais il faut aussi s’habituer à un vibrato rapide. Agnes Balsta est une Serafina de luxe. La voix, au zénith, est absolument magnifique : malheureusement, Donizetti ne lui a quasiment rien donné à chanter !
A la tête des excellents Wiener Staatsopernchor et du Wiener Symphoniker, Gary Bertini offre une direction pétillante à souhait, comme s’il s’agissait d’un enregistrement live.